Kobaka veut ravir les animaux de compagnie et leurs maîtres

Kobaka réinvente la vente à domicile pour animaux de compagnie en proposant un concept qui intègre directement les animaux dans le processus d’achat lors de réunions conviviales organisées au domicile de leurs maîtres.

Le concept de Kobaka repose sur une gamme de produits pour chiens et chats commercialisée via des réunions à domicile, sur le même principe que H2O ou Tupperware, avec la possibilité pour les animaux de tester en direct les produits dédiés à leur bien-être. « Lors de mon expérience passée de directeur France pour l’enseigne Tom&Co, j’ai constaté deux problématiques : le manque de conseils cdivts et l’impossibilité pour le cdivt de tester les produits avant d’acheter, explique Guillaume Papillon, fondateur de la start-up. Grâce aux réunions à domicile Kobaka, les cdivts peuvent avoir une réponse à toutes leurs questions et les animaux présents peuvent tester directement les produits. Le tout dans un environnement convivial, entouré de ses amis et de sa famille. » Pour développer son concept, Guillaume prend contact avec d’autres enseignes de vente à domicile afin de bien comprendre ce fonctionnement et éviter de potentielles erreurs au début. « Ensuite, accompagné par le réseau Initiative Eure-et-Loir avec un prêt d’honneur, et de ma banque, j’ai pu lancer le projet. Il a fallu alors constituer la gamme de produits avec la volonté d’avoir un assortiment différent de ce que l’on peut trouver en animalerie. Ce qui a rendu la tâche plus complexe mais a permis ensuite de se démarquer. »

Apporter des conseils pertinents

Lancée en février 2024, l’entreprise compte d’ores et déjà un peu plus de 70 conseillers, tous formés sur l’ensemble de la gamme afin de connaître parfaitement les produits et pouvoir apporter des conseils pertinents. « Les retours sont très bons, que ce soit ceux des conseillères ou ceux des cdivts. Notre panier moyen est au-dessus de la moyenne du marché, certainement grâce à la possibilité de tester les produits et à la qualité de nos conseillers. Nous venons de sortir notre 3e catalogue, avec un renforcement des assortiments de nos fournisseurs partenaires et un élargissement de la gamme. » Pour créer son assortiment, Kobaka mise sur des produits de qualité, Made in France, faits main et respectueux de l’environnement. Elle souhaite atteindre les 200 conseillers à fin 2025, et les 500 fin 2026. « Au niveau de l’assortiment, nous lançons notre propre gamme de croquettes chiens, sous la marque Kobaka, avec de fortes ambitions. L’objectif sera de faire grandir rapidement cette gamme avec plus de références et aussi une gamme chats. »

Fiche de l’entreprise
Un chiffre : 50 000 € d’investissement initial ont été nécessaires, plus 30 000 € pour le développement des croquettes.Un conseil : il faut bien se renseigner avant de se lancer, sur le potentiel du marché, la faisabilité du concept, la concurrence. Ne pas hésiter à prendre contact avec d’autres acteurs du marché concerné pour avoir les bons conseils et éviter les erreurs du démarrage.Un contact : Guillaume Papillon, https://kobaka.fr/

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Ready4Sea : une aide pour gérer l’entretien de son bateau

Créé par un couple de marins ayant fait le tour du monde pendant plusieurs années, Ready4Sea propose un assistant digital de suivi d’entretien de bateaux de plaisance. La solution a été récemment étendue aux véhicules et aux logements.

Ready4Sea est une solution de suivi d’entretien initialement destinée aux bateaux de plaisance. « Elle permet de faire en sorte que lorsque le bateau largue les amarres, il est apte à prendre la mer en toute sécurité et avec l’esprit tranquille, explique Nicolas Remy, cofondateur de la start-up avec Marion Loyer-Tennant. On y retrouve des checklists, un plan de maintenance, un journal d’entretien, un diagnostiqueur de pannes, le stockage des documents importants, etc. Et nous venons récemment d’élargir le concept au-delà des bateaux pour proposer le même fonctionnement pour les véhicules (camping-car, voiture, moto…) et logements (maison, appartement, piscine, jardin…). Notre boîte à outils permet d’organiser le suivi technique (et administratif) des biens de nos utilisateurs. » C’est en effectuant, en couple, un tour du monde en bateau sur une durée de plus de 7 ans, que l’idée est née. « Pour un voilier de 11 mètres, nous approchions des 100 lignes d’entretien, avec des dates d’échéance à respecter, des cadences d’entretien à assurer, etc. Nous avons donc mis en place nos outils de suivi. »

Doper leur solution à l’intelligence artificielle

Pour développer leur concept, ils lancent d’abord une phase test pour avoir des retours. Elle donne lieu à une première version grand-public fonctionnelle, sur plate-forme mobile uniquement. « Le déploiement d’une deuxième version, plus qualitative, a été créée, disponible sur tous types d’écrans, une partie accessible uniquement en mode freemium via des abonnements annuels. » Leur cible : les plaisanciers du monde entier, mais aussi tous ceux qui font de la gestion de flotte, comme les agences de gestion-location, les écoles de croisières, les écoles de permis, ceux qui hivernent ou gardiennent les bateaux de cdivts, voire les assureurs. « Nous approchons désormais les 7 000 utilisateurs, dont la moitié acquise dans les 6 derniers mois, provenant du monde entier, avec une variabilité saisonnière : pendant l’hiver une activité concentrée sur le pourtour caraïbe, l’hémisphère sud et les pays méditerranéens, tandis que l’été, l’activité est dominée par les pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Notre objectif est d’atteindre une monétisation sur 10 % au moins des utilisateurs. » Les créateurs veulent aussi doper leur solution à l’intelligence artificielle. « L’objectif est de passer de la maintenance réactive d’aujourd’hui (on remplace quand ça casse) à la maintenance préventive (on remplace selon un calendrier prédéfini). »

Fiche de l’entreprise
Un chiffre : 25 000 € ont été obtenus par une bourse FrenchTech octroyée par BPI et la région BretagneUn conseil : il y a beaucoup de raisons de se lancer, et tout autant de ne pas le faire. Le succès ne sera pas toujours au rendez-vous, mais on a besoin de gens qui osent et c’est aussi cela qui est gratifiant.Un contact : Nicolas Remy, https://ready4sea.com/

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Un guide pour aider les demandeurs d’emploi à créer leur entreprise

Les Clés de la Banque, service de la Fédération Bancaire Française, vient de réaliser un guide pour accompagner les demandeurs d’emploi qui souhaitent se lancer dans l’aventure de la création d’entreprise.

Selon les chiffres de France Travail, une entreprise sur 3 est créée par un demandeur d’emploi en France. C’est, en effet, un moyen efficace de créer son propre emploi, mais à condition de bien réfléchir à son projet. De l’émergence de l’idée au démarrage de l’activité, ces créateurs ont besoin, comme tout porteur de projet, d’être accompagnés. C’est dans cette optique que le service Les Clés de la Banque a réalisé un guide gratuit qui leur est dédié.

Préparer sa demande de financement

Le guide invite ainsi les demandeurs d’emploi à tester leur motivation afin qu’ils soient certains de vouloir se consacrer à un projet professionnel qui impactera également leur vie privée. Il les oriente en matière de réalisation d’un business plan, lequel présente le projet de manière à convaincre de futurs partenaires (investisseurs, associés, cdivts, financeurs…). Il détaille aussi les différentes formes juridiques possibles et aborde des questions très concrètes telles que : Exercerez-vous votre activité seul ou avec des associés ? Avez-vous un patrimoine personnel à protéger ? Comment préparer votre demande de financement ?…

Pour consulter le guide :

www.lesclesdelabanque.com

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Formalités

Un certain nombre de formalités doivent être réalisées avant de pouvoir démarrer son activité. Ces formalités sont centralisées auprès d’un guichet unique des formalités des entreprises. Un service accessible sur internet.

1 – La rédaction des statuts

Si le créateur choisit d’exercer sa nouvelle activité sous la forme d’une société, il doit en établir les statuts. Ceux-ci définissent les règles de fonctionnement de la société et les relations entre les associés. La plupart de ces règles sont imposées par la loi, mais parmi elles, certaines peuvent être adaptées.

Des modèles de statut sont proposés par les chambres consulaires, sur Internet ou dans des ouvrages spécialisés ; mais ces statuts types ne prennent pas en compte les spécificités de la nouvelle entité et l’environnement du créateur. Il est donc préférable, lors de la constitution d’une société, de faire appel à un professionnel dont le rôle est d’analyser avec l’intéressé tous les besoins et de proposer des clauses en parfaite adéquation avec le fonctionnement futur de la nouvelle société. Par ailleurs, outre la rédaction, ce notaire, avocat ou expert-comptable se charge également de l’ensemble des formalités liées à la création. Le créateur gagne ainsi un temps précieux qu’il peut consacrer à d’autres aspects plus importants de la création, et il est assuré de la fiabilité des démarches accomplies.

Certaines mentions des statuts méritent une attention particulière. Parmi celles-ci, nous citerons notamment :

Le nom de la société, appelée aussi raison sociale : son choix définitif s’effectue après une recherche d’antériorité, le rédacteur devant s’assurer qu’il n’est pas déjà utilisé par une autre structure.

La raison sociale peut être distincte du nom commercial qui, lui, sera utilisé pour faire la promotion de l’entreprise.

L’objet de la société : il définit les domaines d’activités dans lesquels l’entreprise interviendra. Il ne peut pas être trop général, mais le créateur doit veiller à le rendre suffisamment large car la société n’a pas le droit de développer une activité hors du champ de son objet social.

Par ailleurs, l’objet social sert de référence pour l’attribution du code APE (activité principale exercée) qui classe les entreprises françaises par type d’activité. Ce code peut engendrer certains droits (l’attribution d’aides, par exemple) ou certaines obligations (adhésion à une caisse de retraite ou de congés payés…).

Le pouvoir des dirigeants : les statuts organisent la répartition des pouvoirs dans la société, notamment entre le dirigeant et l’assemblée des associés. Suivant le degré d’ouverture du capital social, les pouvoirs du dirigeant seront plus ou moins importants. Il faut toutefois veiller à ce que le dirigeant ne soit pas trop limité dans ses fonctions.

L’exercice social : la date de clôture de l’exercice est définie par les statuts, la durée du premier exercice n’étant pas forcément de douze mois.

La clause d’agrément : obligatoire dans une EURL et une SARL, cette clause organise la cession des parts ou actions en prévoyant un agrément préalable pour l’entrée de tout nouvel associé. Ainsi permet-elle d’empêcher l’arrivée d’un nouvel associé si certains associés en place ne le souhaitent pas. Bien souvent, les statuts prévoient que cette clause n’est pas applicable en cas de transmission des titres dans l’environnement familial.

L’option à l’impôt sur les sociétés : dans une EURL, cette option peut être insérée dans les statuts. Il en est de même pour l’option à l’impôt sur le revenu d’une SARL de famille.

2 – L’immatriculation de l’entreprise

Aujourd’hui, le créateur n’a plus à frapper à toutes les portes des administrations. Un guichet unique opéré par l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) a été spécialement créé. Cette plate-forme (

https://formalites.entreprises.gouv.fr

) se charge, dès lors que le dossier est complet, de transmettre tous les éléments aux diverses institutions pour procéder à l’immatriculation de la nouvelle entreprise et de son responsable, dont notamment :

– la déclaration aux services des impôts ;

– l’affiliation à l’Urssaf, à France Travail et aux caisses générales de Sécurité sociale ;

– l’immatriculation au registre du commerce et des sociétés ou au répertoire des métiers ;

– l’immatriculation à l’Insee pour attribution du numéro Siren, Siret et du code Naf ;

– la déclaration à l’inspection du travail ;

– si des recrutements immédiats sont prévus, la déclaration aux caisses retraite des salariés.

L’ensemble des formalités accomplies, l’entreprise reçoit son extrait K-bis, comparable à une carte d’identité, prouvant son existence. Pour éviter tout temps d’attente, le créateur reçoit un récépissé de dépôt de dossier. Ce document, remis au créateur dès lors que son dossier est complet, lui permet d’entreprendre toutes ses démarches et de justifier des formalités en cours. Ce récépissé ne permet pas de démarrer l’activité mais il autorise par exemple une déclaration à La Poste ou l’ouverture de lignes électriques ou téléphoniques.

Le coût d’intervention de ce guichet unique varie selon que l’entreprise est créée sous forme individuelle ou sous la forme d’une société.

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Les aides à la création

Ces dernières années, de nombreuses mesures ont été votées pour favoriser la création d’entreprise, source de croissance pour notre économie. On trouve parmi ces mesures de nombreuses aides tant nationales que locales. Parmi les mesures en faveur de la création d’entreprise figurent les aides auxquelles le créateur peut avoir droit. Il peut s’agir de subventions, de prêts à des taux bonifiés ou d’allègements de charges, fiscales et sociales notamment. Cela peut également consister en un accès plus facile à l’accompagnement du porteur du projet par une aide au conseil ou la mise en place de structures d’accueil. Dans tous les cas, le créateur doit impérativement garder à l’esprit que son projet ne doit pas reposer sur l’obtention d’une aide. Celle-ci ne doit être qu’un complément favorisant la création. Ces aides peuvent être soit nationales, soit locales.

1 – Les aides nationales

1.1 – Les aides réservées aux demandeurs d’emploi

L’aide de Pôle emploi à la création d’entreprise

Les bénéficiaires de l’aide au retour à l’emploi (ARE) qui bénéficient de l’Acre peuvent se voir accorder une aide à la reprise et à la création d’entreprise (ARCE) versée par Pôle emploi. Cette aide n’est toutefois pas cumulable avec le maintien de l’ARE pendant la phase de démarrage.

L’ARCE est versée sur demande du créateur, en deux fois : au jour de la création puis six mois après le début d’activité. Elle s’élève à 60 % des ARE auxquelles le créateur avait encore droit à la date de son début d’activité.

Par la suite, si la création se solde par un échec, le créateur peut, sous certaines conditions, retrouver les droits dont il était titulaire à la veille de sa création d’entreprise.

Le maintien partiel des allocations d’aide au retour à l’emploi

Les créateurs qui perçoivent l’aide au retour à l’emploi (ARE) peuvent bénéficier d’un maintien partiel de leur allocation.

Pour cela, ils ne doivent pas percevoir l’aide de Pôle emploi à la reprise et à la création d’entreprise. 70 % des revenus tirés de l’activité créée sont déduits du montant mensuel de l’aide au retour à l’emploi et le cumul de cette aide et des revenus ne peut pas dépasser le montant de l’ancien salaire de référence.

Cette aide est allouée quelle que soit la forme juridique choisie pour la création. Dans une entreprise individuelle, le bénéfice sert de référence ; dans une société, c’est la rémunération perçue au titre des fonctions de direction.

Ce maintien d’allocation perdure tant que le créateur a droit à ses allocations.

1.2 – Les aides ouvertes à tous les créateurs

Un accompagnement régional

Le nouvel accompagnement à la création ou la reprise d’entreprise (Nacre) a été remplacé, en 2017, par un dispositif d’accompagnement instauré au niveau régional.

Ce dispositif peut consister en une aide au montage du projet de création, une aide à sa structuration financière et/ou un suivi du développement de l’entreprise. Les personnes concernées, (bénéficiaires de minima sociaux, demandeurs d’emploi, jeunes de moins de 26 ans…), les conditions d’éligibilité ainsi que les dispositifs d’accompagnement varient selon les régions.

L’exonération des cotisations sociales (dispositif Acre)

Les créateurs et repreneurs d’entreprise ont droit, pendant 12 mois à compter de leur date d’affiliation, à une exonération totale de cotisations sociales, dans la limite d’un revenu ne dépassant pas les ¾ du plafond annuel de la Sécurité sociale (35 325 € pour 2025), puis partielle entre ¾ et 1 plafond (47 100 € pour 2025).

Ce dispositif, dénommé Acre (Aide aux créateurs et repreneurs d’entreprise), ne suppose aucune démarche particulière, sauf si le créateur relève du régime de la micro-entreprise. Dans ce cas, une demande doit être déposée auprès de l’Urssaf.

La réduction d’impôt pour souscription au capital d’une société nouvelle

Une réduction d’impôt sur le revenu peut être accordée aux personnes qui souscrivent en numéraire au capital social de certaines sociétés.

Pour ouvrir droit à cet avantage, la société doit toutefois remplir certaines conditions, notamment :– être une société dite « opérationnelle » ;– être assujettie à l’impôt sur les bénéfices ;– être une PME de moins de 7 ans.

Cette réduction d’impôt s’élève, en principe, à 18 % (25 % pour les souscriptions au capital d’Esus jusqu’au 31 décembre 2025) du montant des versements effectués, retenus dans la limite annuelle de 100 000 € pour les personnes mariées ou pacsées, 50 000 € pour les autres. Ce dispositif est, par ailleurs, pris en compte dans le plafonnement global des niches fiscales.

Le fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées

Les travailleurs handicapés qui créent ou reprennent une entreprise peuvent bénéficier d’une aide versée par l’Agefiph.

Cette aide est versée quelle que soit la forme juridique de la nouvelle entité, dès lors que celle-ci permet d’assurer un emploi pérenne compatible avec le handicap du créateur.

Ce dernier doit exercer le contrôle effectif de l’entreprise, c’est-à-dire en être dirigeant et, en cas de création sous forme de société, détenir au moins 50 % du capital.

L’aide de l’Agefiph prend en charge les surcoûts liés au handicap. Elle se traduit par :– une subvention d’un montant forfaitaire de 3 000 €, versée en complément d’un apport personnel effectif (fonds propres, prêt, emprunt…) de 1 200 € ;– une « trousse » micro-assurance comprenant quatre garanties : multirisque professionnelle, responsabilité civile professionnelle, prévoyance (accident, maladie) et santé (soins médicaux, dentaires et hospitalisation).

En cas de cession, cessation ou revente de l’entreprise dans un délai de douze mois, la subvention doit être remboursée.

Pour bénéficier de cette aide, le créateur doit s’adresser à la délégation régionale de l’Agefiph.

Exonérations fiscales et sociales lors de l’implantation dans certaines zones

  • Exonération de l’imposition des bénéfices et d’impôts locaux

    Une exonération totale ou partielle de l’imposition des bénéfices et/ou de certains impôts locaux est prévue par la loi au profit des entreprises nouvelles créées dans certaines zones relevant de la politique d’aménagement du territoire : zones d’aide à finalité régionale (ZAFR), quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), zones France ruralités revitalisation (ZFRR), zones franches urbaines-territoire entrepreneur (ZFU), bassins urbains à dynamiser (BUD) et bassins d’emploi à redynamiser (BER).

    En principe, l’ensemble de l’activité et des moyens humains et matériels d’exploitation doit être implanté dans la zone considérée ; des régimes dérogatoires sont toutefois prévus pour les activités non sédentaires.

  • Exonérations de cotisations sociales

    Des régimes d’exonération de cotisations sociales sont également prévus au profit des entreprises créées dans des zones de restructuration de la défense ou des zones France ruralités revitalisation (ZFRR). Ces exonérations, d’une durée de douze mois ou cinq ans, concernent les cotisations sociales du personnel salarié de l’entreprise.

    L’ensemble de ces exonérations fiscales et sociales étant soumis à des règles strictes et des localisations géographiques très précises, le créateur doit se rendre dans les services administratifs compétents ou à la mairie de son futur lieu d’implantation pour savoir s’il peut en bénéficier. Il doit aussi impérativement en parler à son expert-comptable.

    2 – Les aides locales

    Fortes de leur volonté de promouvoir ou maintenir leur économie, les collectivités territoriales sont aujourd’hui très attachées à la création d’entreprises. Accompagnées de nombreux organismes publics et privés, elles ont mis en œuvre des pratiques très diversifiées pour favoriser le développement de nouvelles entités sur leurs territoires.

    Du fait du caractère local de ces aides, il ne saurait être question dans cet ouvrage de les énumérer toutes, d’autant plus qu’elles diffèrent d’une région à l’autre et que les organismes qui les dispensent sont très variés.

    Parmi ces aides, nous pouvons citer, à titre d’exemple :– des prêts à la création octroyés par les régions et les communes ;– des subventions à la création d’entreprise dans certaines zones, ou à la création d’emplois, attribuées par ces mêmes collectivités ;– des aides émanant d’associations d’entrepreneurs pour favoriser le démarrage de nouvelles entités. Non seulement elles soutiennent financièrement le porteur de projet mais elles organisent aussi un parrainage pendant les premières années de la vie de la nouvelle structure ;– des participations au capital social de sociétés nouvelles par des fonds régionaux ;– des soutiens émanant de fondations de grandes entreprises qui participent au financement de projets ;– la mise à disposition de locaux, généralement accompagnée de services, par des collectivités territoriales ou des chambres consulaires. Cette mise à disposition pour des sommes modiques peut être le fait de pépinières d’entreprises ;– l’accompagnement offert par une région au moyen d’une garantie financière.

    Fréquemment, le créateur est confronté aux méandres de la recherche de ces aides : où les trouver et quelles en sont les conditions d’attribution ?

    Le développement économique entrant dans le champ de compétences du conseil régional, le porteur de projet doit avant tout se renseigner auprès de ses services. Il y trouvera en principe un service d’accueil des créateurs. De même, les mairies sont généralement dotées d’une telle structure.

    Les chambres consulaires, dont l’un des rôles est de favoriser la création et le développement des entreprises de leur ressort, sont également compétentes pour accompagner le créateur dans ses démarches de recherche d’aides.

    Enfin, les experts-comptables, confrontés quotidiennement aux besoins des postulants à la création, savent orienter ceux-ci vers les organismes dispensateurs d’aides.

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    Les partenaires conseils

    Même s’ils représentent un coût immédiat, les conseils sont un gage de réussite et permettent de limiter les risques pris au départ ou qui le seront dans le futur. Créer une entreprise requiert de solides compétences dans de nombreux domaines. Mais la plupart du temps, le porteur de projet n’est pas un spécialiste de la création ou de la gestion d’entreprise, il a donc besoin de se faire accompagner. Différents professionnels peuvent alors l’aider tout au long de sa démarche. Mieux, pour optimiser les chances de réussite d’un projet, il doit être bien préparé. Car il est acquis que les personnes qui se font assister lors de la création accroissent les chances de pérenniser leur entreprise. On estime qu’en moyenne 50 % des entreprises nouvelles franchissent le seuil de la cinquième année. Ce taux de survie passe à plus de 70 % chez les entreprises accompagnées.

    1 – Les chambres consulaires

    Les chambres consulaires sont organisées au niveau national et ont de nombreuses représentations locales. Elles regroupent :– les chambres de commerce et d’industrie destinées aux commerçants et industries ;– les chambres de métiers, pour les artisans ;– les chambres d’agriculture, pour les agriculteurs.

    Ces chambres sont dirigées par des membres élus par et parmi leurs pairs. De besoins et des difficultés rencontrées par leurs membres et de leurs besoins. Par ailleurs, ces élus étant issus de l’économie locale, ils sont proches des entrepreneurs et, en principe, à même de répondre rapidement et précisément aux besoins exprimés.

    Les chambres consulaires ont pour objectif d’aider leurs ressortissants à créer et développer leur activité, de soutenir le développement économique local et de mettre des services à la disposition des entreprises qui dépendent d’elles. Parmi ceux-ci, se trouvent notamment les centres de formalités des entreprises où sont réalisées l’ensemble des formalités et inscriptions liées à la création d’une nouvelle activité ou aux modifications intervenant dans la vie d’une entreprise. En outre, ces chambres apportent de nombreux services dans le domaine de la création ou de la transmission d’entreprise, tels le suivi statistique des acteurs de l’économie locale, l’aide à l’élaboration des documents prévisionnels, l’accompagnement dans la recherche d’aides et subventions.

    Dans le cadre de son projet de création, le porteur doit donc aller à la rencontre des personnels des chambres consulaires pour connaître l’étendue des services qui peuvent lui être proposés.

    2 – Les experts-comptables

    Bien plus que « l’homme des chiffres », l’expert-comptable doit être considéré comme le généraliste de l’entreprise.

    Effectivement, sa formation complétée par un large champ de compétences pratiques lui confère un savoir-faire approfondi dans de nombreux domaines de l’entreprise, notamment :– la comptabilité ;– la gestion ;– la fiscalité de l’entreprise et de ses dirigeants ;– le régime social des dirigeants et de leurs salariés ;– le choix de la structure juridique ;– le montage financier ;– l’environnement juridique de l’entreprise.

    Ce vaste champ de compétences lui permet d’avoir une approche globale des dossiers en mesurant toutes les interactions des choix les uns par rapport aux autres, vision que n’a pas toujours un spécialiste de tel ou tel domaine particulier.

    De plus, ce professionnel est en relation permanente avec le monde économique, les futurs partenaires financiers de l’entreprise notamment. Outre qu’à leur égard sa signature est un gage de fiabilité des documents, l’expert-comptable peut aussi faire bénéficier son cdivt de son relationnel, en l’accompagnant ou le présentant lors de prises de contact.

    Dès que le créateur a affiné son projet, il est donc judicieux qu’il prenne attache auprès d’un expert-comptable pour lui présenter ses ambitions. Ce premier entretien permet d’exposer son idée à ce professionnel qui sait apporter un regard critique et préconiser les premières orientations à prendre.

    Par la suite, il pourra accompagner le créateur dans sa démarche à travers les étapes suivantes :– établissement du prévisionnel ;– recherche de financements ;– recherche d’aides ;– choix de la structure juridique ;– rédaction de statuts ;– choix des régimes fiscaux et sociaux ;– démarches d’embauche.

    Sans compter que les experts-comptables travaillent régulièrement en étroite collaboration avec d’autres conseils de l’entreprise. Les porteurs de projet ne doivent donc pas hésiter à leur demander de participer à des réunions de travail regroupant différents conseils. Cette confrontation de compétences ne peut qu’enrichir les débats et créer un effet de synergie dans l’avancée de la réflexion menée.

    Comment choisir un expert-comptable ?
    La liste des experts-comptables d’une région se trouve au siège du conseil régional de l’Ordre des experts-comptables. Cette information est également disponible sur le site Internet de la profession :

    www.experts-comptables.fr/annuaire



    Point important : les honoraires de l’expert-comptable sont libres. Lors du premier entretien, le créateur doit donc lui demander de préciser le coût de son intervention après avoir clairement défini ses besoins et la répartition des tâches entre lui et l’équipe du cabinet. L’expert est alors en mesure d’établir une lettre de mission détaillant les conditions de sa réalisation.

    3 – Les notaires et les avocats

    La maîtrise de l’environnement juridique de l’entreprise est indispensable pour en favoriser la pérennité. Des professionnels du droit sont à l’écoute des créateurs pour les accompagner dans ce domaine : les avocats et les notaires.

    Ces deux corps regroupent toutefois des professionnels assez hétérogènes et tous ne sont pas compétents dans le domaine du droit des affaires. Il est donc important d’en choisir un qui oeuvre dans ce domaine d’activité. Les avocats peuvent mettre en valeur leur spécialité, par exemple par la mention « avocat spécialiste en droit des sociétés », les notaires n’en ont pas le droit. Il faut donc se renseigner, afin d’être dirigé vers un professionnel maîtrisant bien le domaine de l’entreprise. Un expert-comptable peut guider dans ce choix.

    En matière de création d’entreprise, les avocats et notaires peuvent intervenir notamment dans les domaines suivants :– choix de la structure juridique ;– adaptation du régime matrimonial ;– rédaction des statuts de sociétés ;– rédaction de contrats commerciaux (bail commercial, contrat de franchise…) ou analyse critique de ceux-ci ;– rédaction de contrats de travail.

    Toutes ces missions peuvent éventuellement être exécutées en partenariat avec d’autres conseils, l’expert-comptable notamment.

    Là encore, les honoraires des avocats sont libres. Ceux des notaires, s’ils sont dans certains domaines réglementés, sont généralement libres en matière de droit des affaires. Lors du premier contact, il s’avère donc utile de demander une convention d’honoraires pour connaître avec précision l’étendue et le coût des prestations commandées.

    4 – Les banquiers

    Leur métier : accompagner les entreprises en leur accordant des financements, mais aussi en les conseillant sur les solutions les plus adaptées à leurs projets.

    Leur expérience du monde des affaires constitue à ce titre un réel apport. Le créateur doit donc consulter un banquier assez tôt dans son projet.

    Après une étude approfondie du dossier et de son environnement, le banquier décide ou non d’accompagner l’entreprise et présente ses conditions financières. Celles-ci peuvent sensiblement varier d’une enseigne à l’autre. Mais le taux n’est pas le seul élément à prendre en compte. La qualité des échanges et le degré d’écoute de l’interlocuteur sont des critères tout aussi importants.

    5 – Les assureurs

    Les besoins en assurances d’une entreprise en cours de création sont de plusieurs ordres :– l’assurance des biens : assurance véhicules, locaux, marchandises en stock ou transportées ;– l’assurance responsabilité civile ;– la protection sociale du chef d’entreprise et des collaborateurs. Celle-ci variant selon les besoins du créateur et son statut social (salarié ou non), son étude et sa correcte adaptation sont complexes et nécessitent de solides compétences. Le créateur doit, de ce fait, se tourner vers un véritable professionnel de l’assurance de personnes pour un bon accompagnement dans la mise en place de ces protections ;– à cela s’ajoutent les assurances spécifiques à certains secteurs d’activité, telle l’assurance dommages ouvrages dans le bâtiment par exemple.

    6 – Les conseils en propriété intellectuelle

    Une entreprise doit régulièrement veiller à la protection juridique des brevets et marques dont elle est propriétaire, et qui constituent parfois toute sa valeur.

    À ce titre, un accompagnement par un professionnel spécialisé est parfois vivement recommandé, tant pour protéger la marque que les brevets et les dessins.

    Tableau récapitulatif des compétences des conseils des créateurs
    Compétences des conseils des créateurs
    Chambres consulaires Expert-comptable Notaire Avocat Banquier Assureur
    Prise de connaissance et analyse critique X X
    Etablissement du dossier prévisionnel X
    Choix de la structure juridique X X X
    Choix du régime fiscal X X
    Choix du régime social du chef d’entreprise X X X
    Choix des régimes de prévoyance X
    Rédaction de statuts de société X X X
    Accomplissement des formalités d’inscription X X X
    Conseil sur l’adaptation du régime matrimonial X X
    Modification du régime matrimonial X
    Choix dans les modalités de financement X X
    Recherche d’aides X X X
    Recherche de financement X X
    Assurance des financements X X
    Analyse de contrats (baux commerciaux, contrat de franchise…) X X
    Rédaction de contrats (baux commerciaux, contrat de franchise…) X X
    Choix des contrats de travail X X
    Rédaction de contrats de travail X X
    Organisation comptable de l’entreprise X
    Organisation administrative X
    Réalisation des formalités d’embauche X X
    Tenue de la comptabilité de l’entreprise X

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    Les modes de financement

    La principale difficulté des jeunes entreprises réside très souvent dans une insuffisance initiale de financement. Il est donc indispensable pour le créateur de bien évaluer au préalable les besoins de son entreprise, et d’envisager les différents modes de financement possibles.

    1 – Le montant des financements

    Lors de la conception du projet, tous les besoins de l’entreprise, tant en terme d’investissement qu’en terme de fonctionnement, doivent être pris en considération. Un excès de financement sera plus facile à gérer qu’un besoin sous-évalué. Car s’il n’est pas toujours aisé de convaincre un organisme financier de suivre le nouvel entrepreneur dans son projet, il est encore plus difficile de lui faire accepter d’octroyer un complément de financement quelques mois plus tard. Dans la période de crise que nous traversons, le porteur de projet devra être vigilant à bien estimer dès l’origine ses besoins, et à les justifier pour convaincre ses futurs partenaires financiers, très exigeants par les temps qui courent.

    Dans tout projet, il est également important de s’assurer de la disponibilité effective des fonds que l’on prévoit d’apporter. De même, les délais de règlement des fournisseurs doivent être validés avec les futurs partenaires de l’entreprise.

    Les délais cdivts, quant à eux, doivent être estimés avec prudence en tenant compte des différents temps de traitement administratif tels que, par exemple, les délais d’établissement des factures, les délais postaux d’envoi et de retour, le délai de traitement par la banque…

    L’ensemble de ces éléments doit faire l’objet d’une étude approfondie dans la partie trésorerie du dossier prévisionnel.

    Par ailleurs, il faut faire une place particulière aux apports du créateur, le montant des financements dépendant en grande partie de ceux-ci. En effet, un organisme bancaire n’acceptera d’accompagner une nouvelle entreprise que si son créateur s’engage lui-même financièrement dans son projet et apporte effectivement des fonds. Bien que la répartition entre les fonds apportés et ceux prêtés puisse varier selon les cas et les particularités de chaque dossier, un apport personnel d’au moins 30 % des besoins est en général exigé par la banque.

    Enfin, il faut avoir à l’esprit que certains éléments sont plus faciles à faire financer que d’autres. Ainsi, les biens identifiables et revendables (les véhicules par exemple) sont sans peine pris en charge par l’organisme financier. En revanche, les biens très spécifiques trouvent plus difficilement un financement. De même, les biens incorporels (le pas-de-porte, les marques, les droits d’entrée d’une franchise…) ou le besoin en fonds de roulement sont délicats à faire prendre en charge par l’organisme de crédit.

    2 – La durée du financement

    Les chefs d’entreprise sont en général toujours tentés de financer leurs investissements sur une durée trop courte, voire parfois de les autofinancer, c’est-à-dire de les régler avec la trésorerie disponible.

    Pourtant, la durée du financement doit s’adapter aux besoins de l’entreprise. Des biens durables, qui sont destinés à être utilisés pendant une période longue, doivent faire l’objet d’un financement sur une durée longue. En revanche, un besoin de courte durée ne peut faire l’objet que d’un financement à court terme.

    Ainsi, par exemple, les durées de financement suivantes sont généralement retenues :

    – TVA sur investissements : 5 mois

    – Matériel informatique : 3 ans

    – Voiture : 4 ans

    – Matériel et outillage lourds : 4-5 ans

    – Camion : 5 ans

    – Pas-de-porte : 7-8 ans

    – Agencements immobiliers : 8 ans

    – Immobilier : 12-15 ans

    Stratégiquement, il est souvent judicieux de demander à sa banque une durée de financement assez longue et de prévoir une clause de remboursement anticipé sans pénalités ou avec des pénalités réduites. Ainsi, si l’entreprise possède un jour suffisamment de trésorerie, elle pourra décider de rembourser le solde de ses emprunts.

    En outre, actuellement, les taux de financement sont relativement faibles, et le coût de l’emprunt réduit. Ainsi, l’endettement pèse peu sur le compte de résultat de la jeune entreprise.

    3 – Les différents modes de financement

    Il existe deux grands modes de financement :

    – ceux dont l’origine provient des associés de la société, ou de l’entrepreneur lui-même pour une entreprise individuelle. On parle alors de fonds propres (ou de quasi-fonds propres pour certains d’entre eux). Entrent aussi dans cette catégorie les subventions liées à un investissement perçues par l’entreprise ;

    – ceux dont l’origine est externe, qui proviennent principalement des organismes financiers.

    3.1 – Les fonds propres et les quasi-fonds propres

    Ce sont des sources de financement qui regroupent les apports en capital et en comptes courants faits par les associés créateurs, mais aussi les subventions d’investissement.

    Ces capitaux sont présentés, au niveau du bilan de l’entreprise, au passif. Du fait de leur place dans le bilan, en haut du tableau du passif, on parle de financements de haut de bilan.

    Le capital social

    Le capital social n’existe que dans les sociétés. Il correspond à la somme que les associés ont décidé de consacrer de façon définitive à la constitution de leur société. Il s’agit donc de fonds qui sont destinés à rester de manière durable dans l’entreprise, et non à être remboursés à ceux qui les ont apportés. Ceux-ci ne pourront récupérer leur mise initiale qu’au jour de la liquidation de la société, si un boni peut être dégagé, ou par le biais d’une vente des titres, parts sociales ou actions, qu’ils ont reçus en échange de leurs apports, voire plus exceptionnellement par le biais d’une réduction de capital.

    Point important : le capital social peut être souscrit sans être totalement libéré. Par la souscription, l’associé s’engage à verser les fonds. À ce titre, la loi prévoit selon les types de sociétés des délais et des modalités pour éventuellement différer le montant des apports effectivement libérés. En principe, le délai maximal de libération du capital souscrit est de cinq ans.

    La part de capital initial est versée sur un compte bancaire ou chez un notaire au jour de la signature des statuts. Puis, lorsque la société est immatriculée – en principe sous deux à trois semaines – ces fonds sont débloqués et deviennent totalement disponibles pour servir à financer les investissements ou les besoins d’exploitation de la nouvelle structure.

    Dans une entreprise individuelle, il n’y a pas de capital social mais un compte de l’exploitant : les apports de fonds et, par la suite, les retraits faits par l’exploitant apparaissent dans ce compte qui peut, à la différence du capital social, fluctuer dans les deux sens. L’exploitant n’est en effet pas contraint, sur un plan strictement juridique, de laisser ses apports dans son entreprise.

    Les comptes courants d’associés

    Les comptes courants d’associés sont destinés à recevoir les sommes mises à la disposition de la société par ses associés de façon temporaire. Ils sont donc destinés à être retirés à plus ou moins long terme. C’est pourquoi on parle de quasi-fonds propres et qu’ils figurent parmi les dettes au passif du bilan.

    Seuls les associés peuvent être titulaires de comptes courants. En effet, la loi régissant les opérations bancaires interdit à toute personne non associée de prêter des fonds à une société.

    Dans une entreprise individuelle, il n’y a pas de compte courant, le compte de l’exploitant étant destiné à recevoir les fonds apportés temporairement par le chef d’entreprise.

    Il faut savoir que les comptes courants d’associés peuvent faire l’objet d’un engagement de blocage sur un certain temps et pour un certain montant. On parle alors de comptes courants bloqués. Cet engagement est souvent souscrit à la demande des banques qui souhaitent que les associés s’engagent à laisser à la disposition de la société, pour une durée définie, une somme d’argent.

    Dans tous les cas, ces comptes peuvent être rémunérés, même si le taux d’intérêt déductible est plafonné.

    En cas de difficultés de l’entreprise, les titulaires de comptes courants entrent dans la catégorie des créanciers chirographaires, c’est-à-dire des créanciers qui ne bénéficient d’aucune garantie de paiement. D’ailleurs, bien souvent, en pratique, ces fonds sont partiellement ou totalement irrécouvrables lorsque l’entreprise connaît des difficultés majeures.

    Les apports de sociétés de capital-risque

    Ces apports représentent des apports en capital, mais ils sont effectués avec des objectifs différents de ceux des associés.

    Il s’agit d’apports au capital social, et non en compte courant, faits par des sociétés dans le but de revendre à plus ou moins long terme leur participation.

    Les sociétés de capital-risque ont donc pour objectif de réaliser des profits grâce à la valeur prise par l’entreprise au cours de son développement. Il s’agit généralement de filiales spécialisées d’organismes financiers. On trouve également, au niveau des conseils régionaux, des sociétés ayant cet objet. Elles ont alors pour but de favoriser le développement économique local.

    Enfin, certaines sociétés de capital-risque sont créées par des chefs d’entreprise qui regroupent des fonds pour investir dans de nouvelles structures et les aider à se développer : on parle de business angels. Ceux-ci sont plus animés par une volonté d’aider de jeunes entreprises à démarrer que de réaliser une plus-value sur les titres souscrits, bien que celle-ci leur soit indispensable pour miser par la suite sur d’autres entreprises nouvelles. Généralement, un système de parrainage accompagne cet apport de fonds.

    Les investissements des sociétés de capital-risque ne profitent en principe qu’à des projets d’une certaine ampleur, nécessitant des besoins financiers importants, bien souvent dans des secteurs innovants (NTIC, nanotechnologies, par exemple).

    Les subventions d’investissement

    Ce sont des fonds qui sont versés à titre définitif, généralement par des collectivités territoriales, sans obligation de remboursement ; ils aident au financement d’investissements, contrairement aux subventions de fonctionnement qui servent, elles, à financer des charges d’exploitation telles que les aides à l’embauche.

    Les subventions sont inscrites en capitaux propres au passif du bilan.

    Elles ne sont pas destinées à être remboursées, mais sont définitivement acquises à l’entreprise, sauf si celle-ci ne satisfait pas à toutes les conditions qui sont stipulées pour leur octroi. Ainsi, par exemple, il existe parfois des obligations d’embaucher dans certains délais en contrepartie de l’obtention d’aides.

    Sur le plan comptable et fiscal, ces subventions font l’objet d’une intégration au résultat au même rythme que l’amortissement du bien dont elles financent l’acquisition. Ainsi, lorsqu’elles financent l’achat d’un bien amorti sur une durée de cinq ans, chaque année, l’entreprise intégrera en produit 20 % de la subvention reçue dans son compte de résultat.

    3.2 – Les financements externes

    L’emprunt bancaire

    L’emprunt bancaire correspond à une somme mise à la disposition de l’entreprise par un organisme financier, avec obligation de la rembourser selon un échéancier préalablement défini.

    En contrepartie de son financement, l’organisme prêteur perçoit des intérêts rémunérant l’apport de fonds et les risques pris.

    Il est généralement accompagné de la prise de garantie(s) qui limite les risques du prêteur en cas de difficultés de remboursement.

    Les emprunts figurent au passif du bilan de l’entreprise.

    Comment calculer les échéances d’un emprunt ?

    Le tableau suivant permet de calculer les échéances d’un emprunt.

    Convertisseur de capital emprunté en échéances annuelles
    Nbre d’années du prêt 2,50 % 3,00 % 3,50 % 4,00 % 4,50 % 5,00 %
    1 1,025 1,030 1,035 1,040 1,045 1,050
    2 0,519 0,523 0,526 0,530 0,534 0,538
    3 0,350 0,354 0,357 0,360 0,364 0,367
    4 0,266 0,269 0,272 0,275 0,279 0,282
    5 0,215 0,218 0,221 0,225 0,228 0,231
    6 0,182 0,185 0,188 0,191 0,194 0,197
    7 0,157 0,161 0,164 0,167 0,170 0,173
    8 0,139 0,142 0,145 0,149 0,152 0,155
    9 0,125 0,128 0,131 0,134 0,138 0,141
    10 0,114 0,117 0,120 0,123 0,126 0,130
    11 0,105 0,108 0,111 0,114 0,117 0,120
    12 0,097 0,100 0,103 0,107 0,110 0,113
    13 0,091 0,094 0,097 0,100 0,103 0,106
    14 0,086 0,089 0,092 0,095 0,098 0,101
    15 0,081 0,084 0,087 0,090 0,093 0,096

    Exemple : un emprunt de 45 000 € est souscrit pour une durée de 7 ans au taux de 3,5 % assurances comprises. L’échéance annuelle sera de : 45 000 x 0,164 = 7 380 €.

    L’emprunt aidé

    Certains organismes octroient aux jeunes entreprises des prêts favorisant la création. Ces prêts, liés à des conditions relatives à la personne du créateur, sont parfois accordés en accompagnement de financements bancaires. Ils permettent de les compléter et sont souvent pris en compte par les organismes de crédit au titre des apports du créateur. Ainsi, ils sont assimilés aux fonds propres et font partie des 30 % d’apports régulièrement exigés pour obtenir des fonds externes.

    Ces prêts peuvent être octroyés par les collectivités territoriales (région, municipalité…), France Travail (anciennement Pôle emploi) ou des associations souhaitant favoriser la création d’entreprises et le développement économique.

    Le crédit-bail

    Le crédit-bail, appelé également location avec option d’achat (LOA), est sensiblement différent de l’emprunt, bien qu’il serve en principe à financer le même type de biens. En effet, lorsqu’elle finance un investissement par le biais d’un emprunt, l’entreprise en est propriétaire dès le premier jour. En contrepartie, elle devient débitrice de la banque. Dans le cadre d’un crédit-bail, pendant toute la durée du contrat, l’entreprise n’est pas propriétaire du bien. Il s’agit d’une simple location assortie d’une promesse de vente à l’issue de la période de location. L’organisme financier possède donc le bien, le loue à l’entreprise et s’engage à le lui vendre après une certaine période selon des conditions prédéfinies. En général, la valeur résiduelle, correspondant au prix d’achat final, représente une somme dérisoire.

    Inconvénient pour le preneur du crédit-bail : il n’est pas propriétaire de son matériel. En revanche, cette technique offre certains avantages par rapport à un financement classique :

    – elle procure une meilleure garantie à la banque, car celle-ci n’est pas totalement dessaisie du bien. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, au sein des organismes financiers, un financement par crédit-bail n’est pas pris en compte à la même hauteur qu’un emprunt dans les ratios d’analyse de risques. Le crédit-bail permet ainsi d’accroître les capacités de financement de l’entreprise ;

    – elle ne pénalise pas le bilan de l’entreprise puisqu’elle ne figure pas dans les dettes. Elle a donc l’avantage de rendre le niveau d’endettement moins apparent ;

    – les échéances de loyers passent intégralement en charges alors que dans le cadre de l’emprunt, seulement les intérêts. Toutefois, avec l’emprunt, le bien financé, propriété de l’entreprise, est amorti. Et cet amortissement vient en diminution du résultat de l’entreprise.

    Aujourd’hui, les coûts du crédit-bail et de l’emprunt sont souvent identiques ou très proches.

    La location financière

    Il s’agit d’un contrat de location pure, c’est-à-dire sans option d’achat. S’il en existe une, on se situe dans le cadre d’un contrat de crédit-bail. La location financière est également appelée location longue durée.

    Par ce type de contrat, un fournisseur, parfois par le biais d’un organisme de crédit, met à la disposition de l’entreprise un bien, tout en conservant la propriété et sans prendre d’engagement de le vendre à l’issue du contrat.

    Cette location peut être assortie de services tels que l’entretien et l’assurance du matériel loué, situation fréquente pour les véhicules par exemple.

    Le découvert autorisé

    Il est également appelé facilité de caisse.

    Par un découvert, la banque autorise l’entreprise à prélever, pendant une durée déterminée et dans une certaine limite, un montant qu’elle met à sa disposition. Le solde du compte bancaire est donc négatif pendant toute la durée d’utilisation des fonds par l’entreprise.

    Ce type de financement, qui n’est pas adossé à un bien et est donc difficile à garantir, est rarement mis en oeuvre dans le cadre d’une création d’entreprise. Il est toutefois utilisé pour faire face au financement de la taxe sur la valeur ajoutée grevant les investissements. En effet, la banque octroie alors une facilité de caisse dans l’attente du remboursement du crédit de TVA par le Trésor public.

    Le crédit fournisseurs

    Le crédit fournisseurs constitue une facilité de trésorerie. En effet, il consiste en l’octroi par les fournisseurs de délais de règlement.

    Mais dans le cadre d’une création, les partenaires ne connaissent pas la nouvelle entreprise. Ils n’acceptent donc pas toujours de lui accorder des délais de règlement. Au contraire, ils exigent parfois un paiement comptant, tant qu’ils n’ont pas testé la fiabilité des nouveaux dirigeants. Lors de la préparation de son projet, le créateur doit donc prévoir de négocier l’obtention de délais de règlement auprès de ses futurs partenaires.

    D’autant que, comme nous l’avons déjà observé dans l’étude du besoin en fonds de roulement, l’entreprise devra souvent octroyer des délais de règlement à ses cdivts.

    4 – Le choix des garanties

    Pour obtenir des financements, une entreprise doit généralement fournir des garanties aux prêteurs. Ainsi ceux-ci limitent-ils leurs risques en se préconstituant un recours au cas où l’entreprise connaîtrait une défaillance dans le remboursement de sa dette. Ce recours peut être orienté vers une personne, on parle alors de garantie ou sûreté personnelle, ou attaché à un bien, il s’agit alors de garantie ou sûreté réelle.

    Du fait du fort taux de défaillance des jeunes entreprises, les financements dans le cadre d’une création sont toujours accompagnés de prise de garanties. Faute de mesurer la fiabilité de la future entreprise, les organismes prêteurs exigent même généralement, en complément de garanties réelles, une sûreté personnelle.

    Les créanciers munis de garanties sont appelés des créanciers privilégiés. Leurs droits leur donnent en effet une priorité de paiement par rapport aux autres créanciers, dits chirographaires.

    Le statut de l’entrepreneur individuel
    Depuis 2022, l’ensemble du patrimoine personnel de l’entrepreneur, autre que celui dédié à l’activité professionnelle, est insaisissable par ses créanciers professionnels. Cette réelle source de protection du chef d’entreprise peut toutefois être limitée à sa demande pour rassurer ses partenaires. Il offre alors volontairement une garantie sur son patrimoine privé.

    4.1 – Les garanties personnelles

    La caution du dirigeant

    La caution est un acte juridique par lequel une personne s’engage à rembourser à un créancier une dette souscrite par une tierce personne si celle-ci s’avère défaillante.

    Il peut y avoir engagement de caution par plusieurs personnes au profit d’un unique créancier à l’égard d’une seule dette. Dans ce cadre, l’engagement peut être solidaire. Cela signifie que chaque personne caution est susceptible d’être appelée au règlement de la totalité de la dette. A elle ensuite de se retourner contre les autres pour partager le coût effectif de l’engagement.

    Se porter caution, ou demander à un proche de le faire, est donc un acte grave, qui nécessite d’en mesurer toutes les conséquences, celles-ci pouvant produire leurs effets longtemps après la signature de l’engagement. En principe, une caution a une durée de vie équivalant à celle de la durée du financement auquel elle se rapporte.

    Et rares sont les jeunes entreprises dont aucun engagement de caution n’est exigé des dirigeants. Plus encore, lorsque la création prend la forme d’une société, elle le sera systématiquement pour contrer les effets de la responsabilité limitée des associés. Cet engagement de caution peut être demandé au dirigeant lui-même lors de la création de la société, mais aussi, quelle que soit la structure juridique, à son conjoint. Celui-ci s’engage donc à ses côtés au règlement des éventuelles dettes et met en jeu l’ensemble de ses biens, y compris ceux qui lui sont propres. Dans ce cas, les clauses du contrat de mariage ne produisent plus aucun effet protecteur à son égard.

    Compte tenu de ses effets radicaux, la caution est soumise à un formalisme strict : elle doit, entre autres, être écrite et, chaque année, l’organisme bénéficiaire doit rappeler par écrit son existence à celui qui s’est porté caution.

    Les fonds de garantie et les sociétés de cautionnement

    Les fonds de garantie et les sociétés de cautionnement sont des organismes qui se portent caution pour l’entreprise. Ils acceptent donc de supporter le risque d’avoir à régler une partie de la dette en cas de défaillance de celle-ci.

    Ces organismes fournissent leur garantie en échange d’une rémunération voisine de 0,4 à 0,5 % du montant du financement garanti.

    Les fonds de garantie et les sociétés de cautionnement sont souvent des filiales d’organismes bancaires, mais ils peuvent être aussi l’émanation de collectivités territoriales qui souhaitent promouvoir la création d’entreprise.

    Le recours à ce type de garantie, même s’il représente un coût, permet de limiter les risques pour le créateur et encourage les banques à financer le projet.

    4.2 – Les garanties réelles

    Il s’agit d’actes juridiques qui permettent à un prêteur de garantir sa créance en se constituant un droit sur un bien préalablement identifié. Si le débiteur ne respecte pas ses engagements, le créancier pourra alors faire saisir le bien et procéder à sa vente pour être payé.

    Dans le cadre d’une création d’entreprise, on trouve principalement trois catégories de sûretés réelles :

    Le nantissement de matériel

    Le nantissement de matériel, appelé également gage, est très fréquemment utilisé dans le cadre d’une création d’entreprise lorsque des investissements en outils de production sont nécessaires. Si ceux-ci sont facilement identifiables et revendables, leur nantissement offre une garantie assez facile à mettre en oeuvre pour le prêteur de fonds. Il en est ainsi des véhicules par exemple.

    Ces nantissements sur matériel font l’objet d’une inscription au greffe du tribunal de commerce et sont ainsi connus de tous ceux qui en font la demande.

    Le nantissement de fonds de commerce

    Dans le cadre d’une création, cette garantie est souvent exigée pour le principe. Elle a cependant peu de valeur, puisque l’entreprise n’ayant encore aucune existence, le fonds ne représente rien.

    Toutefois, si ce fonds acquiert une certaine valeur, le créancier pourrait être amené à le faire vendre pour obtenir le règlement de sa créance.

    Le nantissement sur fonds de commerce fait également l’objet d’une publicité auprès des greffes des tribunaux de commerce.

    L’hypothèque

    Il s’agit d’une catégorie de sûreté particulière, qui se rapporte à un immeuble. En principe, elle est exigée dans le cadre de la mise en place d’un financement immobilier. Elle peut toutefois être utilisée pour d’autres types de financement : dans le cadre d’une entreprise individuelle, un bien du patrimoine privé peut ainsi être utilisé pour garantir une dette professionnelle.

    Dans le cadre d’une société, un bien appartenant à un tiers, en principe au dirigeant, peut servir de garantie à sa caution : on parle alors de caution hypothécaire.

    © Les Echos Publishing 2025

    La viabilité économique du projet : le dossier prévisionnel

    L’établissement d’un dossier prévisionnel est une étape importante dans la démarche du créateur d’entreprise. Il doit en effet lui permettre, d’une part, de mesurer la faisabilité économique de son projet, d’autre part, de démontrer celle-ci à ses futurs partenaires financiers afin de les convaincre de l’accompagner dans son projet.

    1 – Objectifs et contenu du dossier prévisionnel

    La mise en forme du dossier prévisionnel doit être l’occasion d’une réflexion approfondie sur le fonctionnement de la future entreprise.

    C’est pourquoi, même si l’établissement de documents prévisionnels nécessite un niveau de technicité que ne possède pas tout créateur d’entreprise, il est impératif que celui-ci travaille activement sur l’élaboration de ces documents. Un professionnel, notamment un expert-comptable, peut l’assister pour la mise en forme et certains choix techniques. Mais l’implication personnelle du créateur est indispensable pour s’assurer d’une bonne appréhension des options retenues et d’une immersion totale dans son projet.

    Bien qu’il n’existe pas de normes de présentation d’un dossier prévisionnel, appelé également business plan, ce document doit contenir au minimum les éléments suivants :– la présentation générale du projet ;– la présentation du ou des créateurs ;– le schéma juridique retenu ;– le plan de financement initial ;– le détail du chiffre d’affaires prévisionnel (trois ans) ;– le détail des charges prévisionnelles (trois ans) ;– le compte de résultat (trois ans) ;– le plan de financement pluriannuel ;– la trésorerie mensuelle de la première année.

    Et il est important pour le créateur de soigner le contenu et la présentation du dossier prévisionnel, car il lui permettra notamment de gagner la confiance d’un organisme bancaire, par l’intermédiaire de son interlocuteur direct mais aussi des supérieurs de celui-ci et des membres des comités d’octroi de crédit. En effet, ces derniers n’auront connaissance du projet qu’à travers le business plan, sans avoir de contact direct avec le porteur de projet ; ce document doit donc être particulièrement pertinent et soigné.

    Pourquoi faire établir son prévisionnel par un expert-comptable ?
    La première raison de recourir aux services d’un expert-comptable pour élaborer un prévisionnel tient à sa compétence technique : homme du chiffre, il sait bâtir les éléments prévisionnels avec une grande fiabilité technique assurant la cohérence du projet. Habitué à traiter des dossiers économiques, il apporte un regard critique par rapport aux données présentées.Mais son apport ne se limite pas à cette simple compétence technique, l’expert-comptable permet également :– de bénéficier de l’expérience d’un homme qui côtoie au quotidien un grand nombre d’entreprises, de tailles et d’activités variées. Cette large compétence lui permet d’enrichir considérablement la réflexion ;– de bénéficier de sa signature sur le dossier prévisionnel, signature reconnue et appréciée des professionnels du financement. Ceux-ci savent par expérience qu’ils peuvent apporter un regard a priori plus favorable sur un business plan si l’expert-comptable valide le projet et engage ainsi sa responsabilité sur les documents établis ;– de bénéficier du réseau de l’homme de l’art. Celui-ci peut en effet orienter le créateur vers d’autres partenaires, qu’il s’agisse d’organismes de financement, d’avocats, de notaires ou d’autres conseils ou collectivités accordant des aides.
    Important : veiller à soigner son dossier prévisionnel !
    Le dossier prévisionnel doit être le reflet d’un travail de réflexion mené par le créateur, et surtout mettre en valeur la maturité du projet.Pour cela, le travail doit être soigné dans sa présentation, suffisamment clair pour que le lecteur puisse bien comprendre quelle est la nature exacte du projet, quels sont les moyens qui lui seront affectés, quels sont les besoins du créateur, puis, en fonction de ces éléments, prendre position sur le projet et accepter ou non de devenir partenaire de la future entreprise.Le dossier doit être précis et complet, tout en respectant une certaine concision. À ce titre, un document de 20 à 30 pages est souvent suffisant. Dans tous les cas, le créateur doit conserver à l’esprit que ce dossier est la première image qu’il donne à ses partenaires.

    2 – Le plan de financement initial

    Le premier élément chiffré du dossier prévisionnel présente les besoins nécessaires pour débuter l’activité et organise les modalités de leur financement. On se situe alors au jour zéro.

    Etabli sous la forme d’un tableau, dont un modèle est présenté ci-après, cet état doit recenser dans le détail l’ensemble des éléments à financer. Ceux-ci devront être valorisés avec précision ; il est même souhaitable de joindre en annexe du dossier les devis ayant permis ce chiffrage.

    Parmi ces besoins pourront figurer notamment :– les frais de constitution de la société ;– le matériel industriel et commercial ;– les agencements du local ;– un véhicule ;– le dépôt de garantie du local ;– le dépôt de garantie des biens pris en location.

    Dans la mesure où la nouvelle activité est assujettie à la taxe sur la valeur ajoutée, chacun des besoins doit être valorisé hors taxes. Une ligne spécifique à la TVA doit être prévue dans les besoins, car elle aussi est prise en charge par une modalité de financement.

    Le tableau mérite également d’être complété par une évaluation du besoin en fonds de roulement qui sera généré par le démarrage de l’activité. Même si celui-ci n’apparaît effectivement qu’après le début de l’activité, il convient d’en prévoir les modalités de financement dès le premier jour. Ainsi, en complément du coût du stock est-il impératif d’évaluer le crédit moyen accordé aux cdivts et celui obtenu des fournisseurs afin d’apprécier ce que l’entreprise aura effectivement à financer.

    Le besoin en fonds de roulement : danger pour le créateur !
    Les délais de paiement cdivts/fournisseurs, dont les entreprises françaises détiennent la palme de la durée, présentent un véritable danger pour les créateurs d’entreprise. En effet, ils sont souvent la source des difficultés des nouvelles entités et, paradoxalement, plus l’activité connaîtra le succès, plus elle sera exposée à ce danger.Prenons l’exemple d’une entreprise de négoce : elle achète des produits à ses fournisseurs, en les réglant à 30 jours, et les revend avec une marge de 50 % à ses cdivts qui la règlent à 45 jours. La première année, le créateur espère réaliser 10 000 € de chiffre d’affaires par mois, soit 120 000 € par an. Le montant des achats s’élève donc à 60 000 €. Par simplification il n’est pas tenu compte de l’incidence de TVA.Ainsi, les cdivts doivent en moyenne à l’entreprise 15 000 € (120 000 x 45 j/360 j) ; et celle-ci doit à ses fournisseurs 5 000 € (60 000 x 30 j/360 j).Le besoin à financer est donc de 10 000 €. Si le créateur n’en a pas prévu le financement, il est confronté à une impossibilité de régler ses fournisseurs.L’année suivante, si le chiffre d’affaires double, les achats doublent également. Par le même calcul, on constate donc que le besoin de financement évolue fortement.
    Du fait de sa croissance, l’entreprise est donc confrontée à des difficultés de trésorerie dont le mode de financement doit impérativement être prévu.Par ailleurs, pour déterminer avec précision le besoin en fonds de roulement de la nouvelle entité, ainsi que l’évolution de celui-ci, d’autres éléments sont à analyser : le volume des stocks qui, lui aussi, risque de progresser, le mode de financement des moyens d’exploitation, matériels ou humains. Certains sont payables d’avance (les assurances, les loyers…), d’autres permettent de bénéficier de certains délais (le personnel réglé en fin de mois, les charges sociales réglées en fin de trimestre, l’électricité tous les deux mois…).

    Année 1 :

    Crédit cdivts 15 000 €
    Crédit fournisseurs 5 000 € BFR à financer

    Année 2 :

    Crédit cdivts 30 000 €(240 000 x 45/360)
    Crédit fournisseurs 10 000 €(120 000 x 30/360) BFR à financer

    Face à ces besoins initiaux, le créateur doit prévoir des modalités de financement. Celles-ci pourront être constituées par des apports du créateur, des emprunts bancaires ou d’autres modes de financement tels que contrats de crédit-bail, des aides et subventions, et éventuellement des facilités de trésorerie à court terme (pour la taxe sur la valeur ajoutée principalement).

    Le modèle de tableau suivant peut être utilisé pour présenter le plan de financement initial :

    Plan de financement initial (en euros)
    Besoins Ressources
    Frais de constitution 2 500
    Agencements 40 000
    Meubles 18 000
    Matériel industriel 6 000
    Dépôt de garantie local 3 000
    Stock 30 000
    TVA sur agencements, mobilier et travaux 12 800
    TVA sur stock 6 000
    Capital 25 000
    Comptes courants associés
    Emprunt bancaire mobilier (8 ans) 100 000
    Financement TVA (3 mois) 18 800
    Trésorerie initiale 25 500
    TOTAL 143 800 143 800

    3 – Le compte de résultat prévisionnel triennal

    Pour établir son compte de résultat prévisionnel, le créateur doit préalablement mener une réflexion sur le volume du chiffre d’affaires qu’il envisage de réaliser, et corrélativement le niveau d’achats et de frais généraux que devrait engendrer l’activité.

    3.1 – Le chiffre d’affaires prévisionnel

    Élément très délicat à estimer de manière prévisionnelle, et pourtant point fondamental de la faisabilité du projet, le chiffre d’affaires doit être valorisé après mûre réflexion et de la façon la plus fine possible.

    Son appréciation peut découler de plusieurs sources : une étude de marché approfondie, une bonne connaissance du secteur d’activité grâce à une expérience professionnelle précédente, et une analyse fine de la concurrence ou des ratios dégagés dans le secteur d’activité concerné. De même, des pré-contacts commerciaux permettent également de mesurer la tendance d’évolution des commandes.

    Dans tous les cas, il est important de déterminer ce niveau d’activité prévisionnelle le plus précisément possible, en détaillant pour chaque sous-catégorie d’activité les volumes espérés, les prix unitaires, et ainsi le chiffre d’affaires prévisionnel.

    Cette présentation détaillée, en volume et en valeur, permet au créateur de mieux mesurer la faisabilité des objectifs et leur cohérence par rapport à ce qu’il a pu observer ailleurs. De même, pour le lecteur des documents prévisionnels, qui doit se forger une opinion sur la faisabilité du projet pour accepter d’accompagner l’entreprise, cette présentation détaillée est fort appréciée. Les organismes bancaires possèdent des données statistiques précises, par secteur d’activité, qu’ils peuvent comparer aux valeurs retenues et ainsi vérifier la fiabilité des chiffres présentés.

    Le business plan devant être établi de manière triennale, il faut déterminer un chiffre d’affaires pour les trois premiers exercices d’activité. Pour cela, une présentation sous forme de tableau mettant en valeur les quantités, les prix unitaires et leurs évolutions d’une année sur l’autre est la méthode la plus appropriée.

    À titre d’exemple, les données futures d’un hôtel-restaurant peuvent prendre la forme du tableau suivant :

    Détermination du chiffre d’affaires prévisionnel d’un hôtel-restaurant
    N1 N2 N3
    Hôtel Nb de chambres 16 17 17
    Nb de jours 350 350 350
    Nuitées potentielles 5 600 5 950 5 950
    Coef. de remplissage 67 % 69 % 70 %
    Nuitées prévisionnelles 3 752 4 106 4 165
    Prix TTC de la chambre (en €) 46,91 47,96 49,00
    Prix HT (en €) 42,65 43,60 44,55
    CA hôtel (en €) 160 023 179 000 185 551
    Petit déjeuner Nb de chambres 3 752 4 106 4 165
    Personnes par chambre 1,50 1,50 1,50
    Taux de captage 0,80 0,80 0,80
    Prix TTC (en €) 6,90 7,08 7,27
    Prix HT (en €) 6,27 6,44 6,61
    CA petit déjeuner (en €) / taux de marge : 75 % 28 230 31 731 33 037
    Restauration Nb de couverts midi 25 27 30
    Nb de couverts soir 25 27 30
    Nb de jours 250 250 250
    Prix TTC restauration + boisson (en €) 32,19 33,11 34,03
    Prix HT (en €) 29,26 30,10 30,94
    CA restauration (en €) / taux de marge : 65 % 365 750 406 350 464 100
    Bar Recette jour TTC (en €)
    Recette jour HT (en €)
    Nb de jours 365 365 365
    CA bar
    Téléphone Prix HT par chambre (en €) 0,10 0,11 0,12
    CA téléphone (en €) 375 452 500
    Consommations diverses Prix HT par chambre (en €) 2,00 2,10 2,20
    CA consommations diverses (en €) / taux de marge : 50 % 7 504 8 622 9 163
    CA Total (en €) 561 882 626 154 692 350

    3.2 – Les charges prévisionnelles

    À cette étape du business plan, le créateur doit recenser l’ensemble des charges que l’entreprise devra supporter au cours de ses trois premières années d’activité. Elles sont très variées, dépendent de la nature de l’activité, mais aussi du lieu d’implantation, de la structure juridique choisie ou d’autres paramètres externes au projet.

    Le Plan comptable général, texte législatif organisant les principes comptables des entreprises françaises, a recensé et classé l’ensemble des charges dans un ordre normalisé. Il paraît judicieux de retenir cet ordre pour la présentation des prévisions car son caractère normatif permet par la suite d’établir plus aisément le compte de résultat et facilite la comparaison avec des données sectorielles. Un modèle de tableau est présenté ci-après.

    Comme pour le chiffre d’affaires, l’analyse des charges prévisionnelles doit être menée de la façon la plus fine possible. Pour certaines, des tableaux annexes détaillant les volumes et quantités peuvent également être présentés.

    Dans tous les cas, les documents établis doivent expliquer les principes d’évaluation ayant conduit aux chiffres retenus. Et plus le dossier donne de détails, plus son exploitation peut être optimisée par la suite.

    Ainsi, certains postes méritent quasi systématiquement une présentation sous forme de tableaux annexes. Figurent parmi ceux-ci, notamment, les achats de marchandises, les frais de personnel, les dotations aux amortissements…

    À titre d’exemple, nous donnons ci-dessous une présentation du détail des frais prévisionnels de personnel :

    Détail des frais de personnel prévisionnels d’un hôtel-restaurant (en euros)
    Effectif Brut Charges
    individuel total
    1 gérant 1 500 1 500 525
    1 second de cuisine 2 150 2 150 710
    1 commis 1 600 1 600 448
    1 serveur salle 1 600 1 600 448
    1 responsable salle 2 000 2 000 660
    2 plongeurs à temps partiel (100 h/mois) 830 1 660 415
    2 femmes de chambre à temps partiel (120 h/mois) 1 070 2 140 535
    Total mensuel 12 650 3 741
    Total annuel 151 800 44 892
    Détail des postes de charges (en euros)
    Détail des postes N1 N2 N3
    Matières et fournitures Carburant 600 650 700
    Eau, électricité, gaz 17 000 17 500 18 000
    Fournitures, entretien et petit équipement 14 000 14 500 15 000
    Fournitures administratives 1 500 1 600 1 700
    Autres matières et fournitures
    Total des matières et fournitures 33 100 34 250 35 400
    Services extérieurs Sous-traitance générale – blanchisserie 27 508 30 597 33 160
    Redevances de crédit-bail
    Locations immobilières et mobilières 40 000 41 000 42 000
    Charges locatives 1 800 1 850 1 900
    Entretien et réparations sur immobilier 13 000 13 500 14 000
    Entretien et réparations sur mobilier 5 000 5 500 6 000
    Primes d’assurances 3 500 3 600 3 700
    Autres services extérieurs 1 000 1 100 1 200
    Autres services extérieurs Rémunération d’intermédiaires et honoraires 4 500 4 600 4 700
    Publicité 8 000 8 500 9 000
    Transport
    Voyages et déplacements
    Missions, réceptions 500 550 600
    Frais postaux et de télécommunication 6 000 6 500 7 000
    Services bancaires 4 653 5 185 5 732
    Autres services extérieurs 1 000 1 100 1 200
    Total des charges externes 116 461 123 582 130 192
    Impôts et taxes CET 2 650 2 700
    Autres impôts et taxes 228 250 276
    Frais de personnel Rémunération de personnel 151 800 166 980 183 678
    Cotisations sociales 44 886 49 375 54 312
    Autres charges de personnel
    Total des charges d’exploitation 196 914 219 255 240 966
    Charges de gestion courante Charges diverses, redevances 1 200 1 250 1 300
    Charges financières Intérêts des emprunts 15 360 13 739 12 042
    Autres charges financières
    Charges exceptionnelles Charges exceptionnelles diverses
    Amortissements et provisions Dotations aux amort. et prov. d’exploitation 10 300 10 300 10 300
    Autres dotations aux amort. et provisions
    Total des autres charges 26 860 25 289 23 642
    Total général des mat. et fourn. + charges 373 335 402 376 430 200

    L’évaluation des impôts et taxes
    Les porteurs de projet éprouvent fréquemment des difficultés à évaluer le poids des charges fiscales qui pèseront sur leur future entreprise.Voici une méthode d’évaluation adaptée pour une première approche de ces impôts et taxes. Cette estimation nécessite d’être par la suite affinée avec les éléments particuliers de l’entreprise, assisté éventuellement d’un expert-comptable

  • Taxes basées sur les rémunérations
    . taxe d’apprentissage : 0,68 % des salaires bruts ;. taxe formation continue : 0,55 % des salaires bruts (sauf à partir de 11 salariés : 1 %) ;. effort construction : dû seulement si au moins 50 salariés : 0,45 % des salaires bruts.

  • CET : la contribution économique territoriale (CET) regroupe la contribution foncière des entreprises (CFE) et la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). La CVAE n’est due que pour les entreprises réalisant plus de 500 000 € de CA HT. Elle est basée principalement sur la valeur ajoutée du local d’exploitation et la valeur ajoutée produite. Elle n’est pas due pour la première année civile si l’entreprise n’existe pas au 1er janvier.

  • Taxe foncière : elle est due seulement si le bail la met à la charge du locataire. Son montant peut être obtenu auprès du propriétaire du local.

  • Contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) : elle est due par les sociétés et calculée sur leur chiffre d’affaires. Elle représente 0,16 % de celui-ci. Un abattement sur le CA de 19 M€ est appliqué.

  • Impôt sur les sociétés : son taux est de 15 % jusqu’à 42 500 € de bénéfice, de 25 % au-delà.

    3.3 – L’agrégation des données : le compte de résultat prévisionnel

    Agrégation des données issues du chiffre d’affaires prévisionnel et de celles retenues pour chaque poste de charges, le compte de résultat doit être présenté sous la forme normalisée d’un document directement issu du Plan comptable général : le tableau des soldes intermédiaires de gestion.

    Ce tableau, dont un modèle est présenté ci-dessous, met en valeur certains ratios de gestion et contribue ainsi à une meilleure lecture des comptes et donc à une analyse plus fine. Parmi ces seuils intermédiaires figurent notamment :– le chiffre d’affaires ;– la marge brute : elle correspond approximativement à la différence entre le prix de vente hors taxes et le coût d’achat des marchandises revendues hors taxes ;– la valeur ajoutée : elle exprime l’accroissement de valeur apportée par l’entreprise ; mieux que le chiffre d’affaires, elle traduit l’activité propre de l’entreprise. Elle se calcule par différence entre la marge brute et les consommations de biens et de services en provenance de tiers ;– l’excédent brut d’exploitation : il correspond à la valeur ajoutée diminuée des frais de personnel et des impôts et taxes (hors impôt sur le bénéfice). Il exprime la capacité de l’exploitation à créer de la trésorerie pour maintenir et développer son outil de production et rémunérer les capitaux engagés, tant les capitaux propres que ceux empruntés ;– le résultat d’exploitation : c’est le résultat dégagé par l’activité de l’entreprise avant prise en compte du coût des moyens de financement et d’éventuels événements exceptionnels ;– le résultat courant : il est égal au résultat d’exploitation plus ou moins les produits et charges financières ;– le résultat exceptionnel, en principe inexistant dans un prévisionnel car lié par nature à des événements le plus souvent imprévisibles, le coût d’un sinistre par exemple ;– le résultat net qui correspond à la différence entre l’ensemble des produits et l’ensemble des charges. Il permet de mesurer la performance effective de l’entreprise sur l’exercice.

    La présentation de ces différents seuils est faite en valeur brute mais aussi en valeur relative, c’est-à-dire en pourcentage du chiffre d’affaires hors taxes.

    Cette présentation permet de mesurer la performance de l’entreprise, son évolution pluriannuelle, mais aussi de comparer plus facilement ses performances avec celles d’autres entreprises du même secteur. Les ratios normalisés pourront ainsi être comparés à des statistiques du secteur d’activité dans lequel la nouvelle entité évoluera.

    Évolution des soldes intermédiaires de gestion
    Produits ou charges HT N1 N2 N3
    Montant (en €) % du CA Montant (en €) % du CA Montant (en €) % du CA
    Ventes de marchandises
    Marchandises revendues
    Marge commerciale 0 0 0
    Production 561 882 100,00 626 154 100,00 692 350 100,00
    Achats consommés 138 841 24,71 154 464 24,67 175 251 25,32
    Marge sur production 423 041 75,29 471 690 75,33 517 022 74,68
    Chiffre d’affaires total 561 882 100,00 626 154 100,00 692 350 100,00
    MARGE BRUTE TOTALE 423 041 75,29 471 690 75,33 517 022 74,68
    Achats non stockés matières et fourn. 33 100 5,89 34 250 5,47 35 400 5,11
    Charges externesServices extérieursAutres services extérieurs 116 46191 80824 653 20,7316,344,39 123 58297 14726 435 19,7415,514,22 130 192101 96028 232 18,8014,734,08
    Valeur ajoutée 273 480 48,67 313 857 50,12 351 430 50,76
    Subventions d’exploitation 0,00 0,00 0,00
    Charges d’exploitationImpôts et taxesFrais de personnel 196 914228196 686 35,050,0435,00 219 2552 900216 355 35,020,4634,55 240 9662 976237 990 34,800,4334,37
    Excédent brut d’exploitation 76 566 13,63 94 602 15,11 110 464 15,95
    Autres produits d’exploitationProduits de gestion couranteRep./amort. et prov. d’exploitationTransferts de charges d’exploitation 0 0000 0 0000 0 0000
    Autres charges d’exploitationCharges de gestion couranteDot. amort. et prov. d’exploitation 11 5001 20010 300 2,050,211,83 11 5501 25010 300 1,840,201,64 11 6001 30010 300 1,680,191,49
    Résultat d’exploitation 65 066 11,58 83 052 13,26 98 864 14,28
    Produits financiers 0 0 0
    Charges financières 15 360 2,73 13 739 2,19 12 042 1,74
    Résultat financier -15 360 -2,73 -13 739 -2,19 -12 042 -1,74
    Résultat courant avant impôts 49 706 8,85 69 313 11,07 86 822 12,54
    Produits exceptionnels 0 0 0
    Charges exceptionnelles 0 0 0 0 0 0
    Résultat exceptionnel 0 0 0 0 0 0
    Résultat avant impôts 49 706 8,85 69 313 11,07 86 822 12,54
    Participation des salariés 0 0 0
    Impôts sociétés et assimilés 8 176 1,46 13 078 2,09 17 455 2,52
    RESULTAT NET COMPTABLE 41 530 7,39 56 235 8,98 69 367 10,02

    4 – Le calcul du seuil de rentabilité

    Le seuil de rentabilité d’une entreprise – on parle également de point mort – représente le chiffre d’affaires qu’elle doit réaliser pour atteindre l’équilibre, c’est-à-dire dégager un résultat nul.

    Ce niveau d’activité est donc celui qui permet de couvrir l’ensemble des charges. Celles-ci sont de deux natures :– les charges fixes, qui sont identiques quel que soit le niveau d’activité. On y trouve par exemple le loyer, les frais de personnel administratif, la taxe foncière, les intérêts d’emprunt… ;– les charges variables, qui sont directement liées au niveau de l’activité. Les achats de marchandises, les frais de personnel de production, les frais de port sur achats et ventes entrent par exemple dans cette catégorie.

    Néanmoins, dans une entreprise individuelle, il n’est pas envisageable de raisonner sur la base d’un résultat nul. En effet, le résultat représentant, au moins en partie, la rémunération du dirigeant, il est primordial d’inclure celle-ci dans les calculs du seuil de rentabilité. Le chiffre obtenu est donc le gage pour l’exploitant de pouvoir obtenir le niveau de revenu souhaité.

    Le seuil de rentabilité (SR) se détermine grâce à la formule mathématique suivante :

    SR = Charges fixes (CF) + Charges variables (CV)

    Or, les charges variables sont directement proportionnelles au chiffre d’affaires, nous pouvons donc écrire :

    SR = CF + x % SR

    Donc (1 – x %) SR = CF

    Donc SR = CF / (1 – x %)

    Ainsi, une entreprise qui a des charges fixes d’un montant de 100 000 € et des charges variables représentant 60 % de son chiffre d’affaires, a un seuil de rentabilité de 250 000 € (100 000/1-0,6 = 100 000/0,4 = 250 000 €).

    Le seuil de rentabilité peut être présenté de manière graphique :

    Une fois son seuil de rentabilité déterminé, le créateur peut calculer la marge de sécurité et l’indice de sécurité. La première correspond à l’écart existant, exprimé en valeur absolue, entre le chiffre d’affaires prévisionnel et le résultat obtenu pour le calcul du point mort. L’indice de sécurité est l’expression de cet écart en valeur relative, c’est-à-dire en pourcentage du chiffre d’affaires. Cela signifie que le chiffre d’affaires peut baisser de x % avant que l’exploitation ne dégage des pertes.

    5 – Le plan de financement triennal

    Mesurer la rentabilité de la future entreprise en déterminant son résultat prévisionnel ne suffit pas. Il convient également de rechercher si ce résultat permet de faire face aux besoins financiers de l’entreprise. Ceux-ci sont de plusieurs ordres. Il s’agit d’assurer :– le remboursement du capital emprunté (seuls les intérêts sont pris en compte dans les charges) ;– dans une entreprise individuelle, la rémunération de l’exploitant (non inclue dans les frais de personnel) ;– le financement du besoin en fonds de roulement.

    Pour mener à bien cette étude, il convient de déterminer la capacité d’autofinancement des premières années d’activité, c’est-à-dire la trésorerie théorique dégagée par l’activité. Elle correspond au résultat, après neutralisation des produits et des charges ne générant aucun flux de trésorerie. En général, dans le cadre d’une étude prévisionnelle, seules les dotations aux amortissements sont neutralisées, l’ensemble des autres produits et charges entraînant des mouvements de trésorerie. Ceux-ci interviennent parfois avec un décalage dans le temps (crédit cdivts ou fournisseurs par exemple), mais ce décalage est pris en compte dans la variation du besoin en fonds de roulement.

    Une fois la capacité d’autofinancement déterminée, il convient de la comparer aux besoins financiers de l’entreprise pour vérifier que l’ensemble de ceux-ci soit correctement couvert.

    Cette étude est établie grâce au plan de financement triennal qui peut être présenté sous la forme suivante :

    Trésorerie nette sur 3 ans (en €)
    N1 N2 N3
    Résultat net 38 950 55 483 68 540
    Dotations amortissements 10 300 10 300 10 300
    Capacité autofinancement 49 250 65 783 78 840
    Remboursement emprunt capital -33 751 -35 371 -37 069
    Net disponible 15 499 30 412 41 771

    6 – La trésorerie prévisionnelle du premier exercice

    Période cruciale car souvent jalonnée de difficultés et d’événements de nature exceptionnelle, le premier exercice d’activité mérite un examen particulier et détaillé en ce qui concerne les flux de trésorerie.

    Il couvre la période de mise en place de l’ensemble des moyens d’exploitation et de leur financement, mais aussi celle du démarrage de l’activité et donc de la montée en puissance du besoin en fonds de roulement. Car ces deux éléments conjugués produisent des besoins de trésorerie importants qu’il convient d’anticiper au mieux.

    En outre, très souvent au cours de cette période, l’entreprise, si elle est assujettie à la taxe sur la valeur ajoutée, doit financer la taxe grevant ses investissements avant de pouvoir en demander la récupération ou le remboursement au Trésor public. Et cela peut prendre quelques mois. Des modalités de financement spécifiques doivent donc être préalablement organisées.

    Pour ces raisons, la trésorerie de la première année d’activité doit être estimée précisément, c’est-à-dire mensuellement. Pour chaque mois, le créateur doit déterminer les flux entrants et les flux sortants afin de mesurer la trésorerie générée au cours de la période concernée. Certains mois peuvent s’avérer déséquilibrés, en raison de la saisonnalité de l’activité par exemple, mais aussi du fait des délais de règlement octroyés par/à la nouvelle entité. Par conséquent, en complément du solde net mensuel, il convient de faire apparaître le solde net cumulé des opérations afin de mesurer les besoins éventuels qui peuvent alors être anticipés et corrigés grâce à la mise en place de financements spécifiques.

    Le tableau présenté ci-dessous montre comment on peut procéder à cette analyse. Les données découlent directement des états précédents : le plan de financement fournit tous les éléments relatifs aux investissements et le compte de résultat le détail des produits et des charges à décaisser. Le passage du chiffre d’affaires et des charges prévisionnelles au tableau de trésorerie tient compte d’une part de la TVA (les flux de trésorerie s’effectuent TTC alors que le compte de résultat présente des chiffres hors taxes) et d’autre part des délais de règlement octroyés par/à l’entreprise.

    Évolution de la trésorerie au cours du premier exercice – Sans crédit court terme TVA (en milliers d’euros)
    POSTES TOTAUX Périodes successives
    J F M A M J Jl A S O N D
    RESSOURCES
    Ventes 648,5 39,1 39,1 39,1 45,6 52,1 65,2 71,7 71,7 71,7 65,2 58,7 29,3
    Autres produits
    Apports des associés 25,0 25,0
    Emprunts reçus 100,0 100,0
    Remboursement de TVA 13,4 13,4
    TOTAL DES RESSOURCES 786,9 164,1 39,1 39,1 45,6 65,5 65,2 71,7 71,7 71,7 65,2 58,7 29,3
    DÉPENSES
    Investissements 82,3 82,3
    Stock initial 36 36
    Achats 145,2 9,2 9,2 9,2 10,7 12,2 15,3 16,8 16,8 16,8 15,3 13,7
    Matières et fournitures 36,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0
    Crédit-bail
    Locations immob. et mob. 48,0 4,0 4,0 4,0 4,0 4,0 4,0 4,0 4,0 4,0 4,0 4,0 4,0
    Entretien immob. et mob. 21,6 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8
    Assurances 3,6 1,8 1,8
    Honoraires 3,3 1,1 1,1 1,1
    Autres charges externes 60 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0
    C.E.T.
    Autres impôts et taxes
    Rémunération du personnel 152,4 12,7 12,7 12,7 12,7 12,7 12,7 12,7 12,7 12,7 12,7 12,7 12,7
    Cotisations sociales 27 9,0 9,0 9,0
    Autres charges 1,20 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
    Remboursement des emprunts 49,2 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1
    TVA 42,6 3,4 4,2 5,8 6,5 6,3 6,3 5,4 4,7
    Impôt sur les sociétés
    Autres décaissements
    TOTAL DES DÉPENSES 708,4 150,8 39,9 39,9 50,0 44,8 48,9 61,9 54,0 53,8 63,9 51,4 49,1
    Mouvements du mois 13,3 -0,8 -0,8 -4,4 20,7 16,3 9,8 17,7 17,9 1,3 7,3 -19,8
    Trésorerie initiale 0,0 0,0 13,3 12,5 11,7 7,3 28,0 44,3 54,1 71,8 89,7 91,0 98,3
    Soldes cumulés 13,3 12,5 11,7 7,3 28,0 44,3 54,1 71,8 89,7 91,0 98,3 78,5

    7 – Le dossier prévisionnel : outil de pilotage

    Une fois établi, le dossier prévisionnel doit permettre au créateur de valider définitivement son projet et de convaincre l’ensemble de ses partenaires de le suivre dans son aventure.

    Si ce business plan a été établi avec soin et de façon réaliste, il jouera également un rôle important après le démarrage de l’entreprise, notamment au cours de la première année : il servira d’outil de pilotage au jeune chef d’entreprise. Celui-ci, à travers ses prévisions, s’est fixé des objectifs en termes de niveau d’activité mais aussi de coûts de fonctionnement et d’investissement. Il doit donc disposer d’un outil qui lui permette d’analyser l’ensemble des réalisations effectives et qui les compare aux objectifs initialement fixés.

    Avec le dossier prévisionnel, le nouveau dirigeant aura en sa possession un véritable tableau de bord qui lui permettra de prendre du recul sur les chiffres obtenus et d’avoir sur eux un regard critique et objectif. Cette analyse pourra être menée tant en quantités produites (heures vendues, nombre de couverts réalisés, nombre de pièces vendues, nombre de mètres carrés posés…) qu’en valeur (prix unitaire et valeur globale).

    Par la suite, chaque fin d’année, il sera utile de renouveler ce même exercice en établissant les prévisions de l’entreprise pour le millésime suivant.

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    Le régime social du chef d’entreprise

    Le régime social du chef d’entreprise dépend de la structure juridique dans laquelle il exerce sa profession. Selon celle-ci, il relève soit du régime des travailleurs non-salariés, soit de celui des salariés cadres. Le régime social recouvre à la fois la couverture maladie, prévoyance et retraite du dirigeant ; son choix a donc de lourdes incidences financières immédiates comme futures.

    1 – Entreprise individuelle, EURL, SARL à gérance majoritaire

    1.1 – Application du régime des travailleurs non-salariés

    Le responsable d’une entreprise individuelle relève du régime des travailleurs non-salariés. Il en est de même du gérant d’une EURL et du gérant d’une SARL qui possède seul ou avec l’ensemble des autres gérants, s’il y en a plusieurs, plus de 50 % du capital de la société.

    Dès lors qu’il entre dans cette catégorie, le dirigeant doit être inscrit auprès de la Sécurité sociale des indépendants.

    Les travailleurs non-salariés bénéficient de garanties dans quatre domaines : maladie-maternité, invalidité-décès, retraite de base et complémentaire et allocations familiales.

    Ce régime des travailleurs non-salariés a connu de grandes évolutions ces dernières années : ainsi, le régime obligatoire offre presque aujourd’hui les mêmes garanties que celle du régime de base des salariés non-cadres. De plus, les travailleurs non-salariés dont l’entreprise est placée en liquidation ou redressement judiciaire ou dont l’entreprise a fait l’objet d’une déclaration de cessation totale et définitive d’activité lorsque cette activité n’est pas économiquement viable peuvent bénéficier, sous certaines conditions, d’une allocation chômage d’environ 800 € par mois pendant 6 mois.

    Le régime obligatoire peut être largement amélioré par la mise en œuvre de régimes complémentaires volontaires fiscalement déductibles. Ces compléments (mutuelle pour la maladie, régime prévoyance en cas d’invalidité ou de décès ou régime supplémentaire de retraite), s’ils sont bien réfléchis et correctement ajustés aux besoins réels du dirigeant, peuvent offrir une excellente garantie. L’adhésion à ces couvertures complémentaires impose donc au préalable de parfaitement définir les besoins que l’on souhaite couvrir. En effet, s’agissant de dispositifs individualisés, ils permettent de mettre en place des garanties sur mesure évitant ainsi les inconvénients de régimes collectifs qui offrent parfois des garanties qui n’intéressent pas certains adhérents, des garanties liées par exemple à leur structure familiale. Ainsi, une personne célibataire de 50 ans n’aura pas les mêmes objectifs de couverture complémentaire qu’une personne récemment mariée et ayant de jeunes enfants. Cette réflexion individualisée peut être menée avec un assureur spécialisé dans le domaine des assurances de personnes.

    L’adhésion à ces régimes complémentaires engendre des coûts non négligeables. Mais en contrepartie, elle offre des garanties sociales parfois indispensables. Elle doit donc faire l’objet d’une étude très sérieuse relative à l’étendue et la qualité des prestations par rapport aux coûts engendrés. Ainsi, par exemple, l’adhésion à une mutuelle complémentaire maladie représente une dépense difficilement incontournable sauf à posséder déjà une telle couverture dans le foyer familial.

    1.2 – Revenus soumis à cotisations

    Dans une entreprise individuelle, les revenus soumis à cotisations sont les bénéfices de l’entreprise, qu’ils soient prélevés par le chef d’entreprise ou laissés à la disposition de l’exploitation. Ce régime s’avère donc très pénalisant pour des activités qui nécessitent des besoins financiers importants : les bénéfices dégagés doivent être laissés dans l’entreprise mais génèrent un coût social élevé.

    Dans une EURL ou une SARL à gérance majoritaire, l’assiette sociale diffère selon le régime fiscal de la société.

    Si la structure est assujettie à l’impôt sur le revenu, c’est l’ensemble de ses bénéfices, dont la rémunération du ou des gérants, qui est soumis à cotisations. Là aussi, il y a donc assujettissement de la totalité des bénéfices, que ceux-ci soient prélevés ou non, comme dans une entreprise individuelle.

    En revanche, si l’entité est assujettie à l’impôt sur les sociétés – ce qui peut aussi être le cas d’une entreprise individuelle, s’il y a eu option en ce sens -, la solution est différente : les cotisations sociales ne seront dues que sur les seules rémunérations effectivement prélevées par le chef d’entreprise ou les gérants. Les bénéfices laissés à la disposition de l’entreprise seront donc exclus de cette base de cotisations, une différence qui peut entraîner de substantielles économies, surtout si l’entreprise a besoin de fonds importants pour financer son développement. Par ailleurs, dans certains cas, la part de dividendes dépassant 10 % du capital social et des comptes courants est également soumise aux cotisations sociales, en contrepartie elle n’est pas soumise aux prélèvements sociaux, CSG notamment.

    1.3 – Les cotisations dues

    Bien qu’elles aient bénéficié d’une réforme importante dans un but de simplification, les règles de détermination et de paiement des cotisations des travailleurs non-salariés découlent de formules assez complexes. En effet, la base de cotisations étant liée au montant du résultat ou de la rémunération annuelle octroyée, les cotisations sont appelées avec un différé d’au moins un an. Pour éviter de trop fortes variations, des cotisations provisionnelles sont appelées en fonction des derniers revenus connus, s’il en existe, ou, à défaut, dans le cas d’une création par exemple, sur une base forfaitaire. Un décalage qui peut parfois entraîner des fluctuations importantes par le jeu de régularisations d’une année sur l’autre.

    En application de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024, les cotisations dues par les TNS pour les périodes d’activité courant à compter du 1er janvier 2025 sont calculées sur une assiette unique. Celle-ci correspond au revenu professionnel, déduction faite des charges professionnelles (hors cotisations et contributions sociales), sur lequel est appliqué un abattement de 26 %. Afin que cette réforme soit neutre financièrement, certains taux de cotisations ont été modifiés. Ce sont ces nouveaux taux que nous vous présentons. Sachant qu’en pratique, les organismes de protection sociale appliqueront cette réforme au printemps 2026, lors de la régularisation des cotisations 2025, une fois que le revenu professionnel 2025 des TNS sera définitivement connu. Les cotisations provisionnelles payées en 2025 sont donc calculées en tenant compte des taux des cotisations applicables en 2024.

    Régime d’assurance maladie-maternité

    Le taux de la cotisation maladie-maternité incluant la cotisation indemnités journalières varie de 0,5 % à 9 % selon le niveau des revenus. Par exemple, ce taux est de 7 % pour les revenus compris entre 3 plafonds annuels de la Sécurité sociale (Pass), soit 141 300 € et 5 Pass soit 235 500 € en 2025. Au-delà de 5 Pass, le taux est ramené à 6,5 %.

    Les cotisations sont en principe payables d’avance sur des bases provisoires. Une régularisation en fonction des revenus réels intervenant l’année suivante (N+1), en fonction des revenus de l’année N.

    Par exception, les créateurs d’entreprise cotisent sur des bases provisionnelles réduites les deux premières années. Une régularisation en fonction des revenus réels intervient au cours des exercices suivants. Le nouveau cotisant peut également demander à bénéficier d’un report de ses cotisations provisionnelles pendant les douze premiers mois ainsi que d’un étalement des cotisations définitives dues au titre de cette première année. Ainsi améliore-t-il à court terme sa situation de trésorerie. Il doit cependant bien conserver à l’esprit que des régularisations seront appelées. Il doit donc en évaluer le montant et les provisionner afin de pouvoir faire face, à l’avenir, à ces échéances.

    Régime d’allocations familiales, CSG-CRDS

    Les taux des cotisations sont les suivants :allocations familiales : 0 % pour les revenus inférieurs ou égaux à 110 % du plafond annuel de la Sécurité sociale, soit 51 810 € en 2025 ; entre 0 et 3,10 % pour les revenus compris entre 110 % et 140 % du Pass, soit entre 51 810 € et 65 940 € en 2025 ; et 3,10 % pour les revenus supérieurs à 140 % du Pass.

    CSG-CRDS : 9,70 % des revenus majorés des cotisations personnelles (dont 2,9 % non déductibles fiscalement).

    La cotisation est calculée à titre provisoire sur la base des revenus de l’avant dernière année (N-2). Elle fait ensuite l’objet d’une régularisation en fonction des revenus réels de l’année N.

    Les cotisations dues par les créateurs d’entreprise sont appelées sur des bases provisionnelles pour les deux premières années d’activités. Les créateurs peuvent également demander le report de leurs cotisations des douze premiers mois d’activité, avec les mêmes incidences financières dans le temps que celles du régime d’assurance maladie-maternité.

    Régime vieillesse

    Le taux de cotisation du régime de base est fixé à 17,87 % du revenu, dans la limite du plafond de la Sécurité sociale (47 100 € en 2025) et de 0,72 % au-delà.

    Un régime de retraite complémentaire est institué, dont le taux de cotisation est de 8,1 % dans la limite, en 2025, de 47 100 € et de 9,1 % de 47 100 € à 188 400 €.

    Les cotisations de base et complémentaire sont calculées à titre provisionnel sur la base des revenus N-2, puis régularisées une fois le revenu définitif connu en N+1.

    Les créateurs d’entreprise se voient également appliquer une cotisation provisionnelle calculée sur une base forfaitaire. Cette cotisation forfaitaire fait ensuite l’objet d’une régularisation lorsque le revenu est définitivement connu.

    Il est à noter que les professions libérales réglementées relèvent d’un régime particulier de retraite géré par la Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales (CNAVPL) et, pour les avocats, de la Caisse nationale des Barreaux français (CNBF)

    Régime d’invalidité-décès

    Le taux de la cotisation d’invalidité-décès s’élève à 1,3 % dans la limite du Pass (47 100 €).

    Là encore, les professions libérales réglementées relèvent d’un régime particulier d’invalidité-décès géré par la CNAVPL et, pour les avocats, par la CNBF.

    Principales cotisations sociales des dirigeants assimilés à des travailleurs indépendants
    De 0 à 1 PSS (1) De 1 à 3 PSS (1) De 3 à 5 PSS (1) Au-delà de 5 PSS (1)
    Maladie-maternité (incluant la cotisation indemnités journalières) (2) Variable Variable 7 % (3) 6,50 %
    Allocations familiales 0 % Variable (4) 3,10 % 3,10 %
    CSG-CRDS 9,70 % 9,70 % 9,70 % 9,70 %
    Vieillesse Régime de base (5) 17,87 % 0,72 % 0,72 % 0,72 %
    Régime complémentaire (6) 8,10 % 9,10 % 0 0
    Invalidité-décès (6) 1,30 % 0 0 0
    TOTAL Variable Variable 20,52 % 20,02 %
    (1) Plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS) pour 2025 : 47 100 €.(2) Pour des revenus inférieurs à 3 PASS le taux incluant les indemnités journalières varie de 0,50 % à 9 % de la totalité des revenus pour les artisans, commerçants et professionnels libéraux non réglementés (taux entre 0,30 % et 8,80 % pour les professionnels libéraux réglementés). (3) Pour les professionnels libéraux réglementés, taux de 6,50 %.(4) Taux de 0 % pour les revenus inférieurs ou égaux à 110 % du PASS ; entre 0 et 3,10 % pour les revenus compris entre 110 % et 140 % du PASS et 3,10 % pour les revenus supérieurs à 140 % du PASS. (5) Pour les professionnels libéraux réglementés, la cotisation de retraite de base s’applique à un taux de 10,60 % sur l’assiette de revenus plafonnée à 1 PASS et à un taux de 1,87 % sur l’assiette de revenus comprise entre 1 et 5 PASS.(6) Pour les professionnels libéraux réglementés, les cotisations de retraite complémentaire et d’invalidité-décès sont fixées chaque année par les divs professionnelles.

    Cotisations de début d’activité pour les artisans, commerçants, industriels : dans le cadre d’une création, le montant annuel des cotisations et contributions sociales appelées sur des bases forfaitaires s’élève à 3 407 € pour la première année d’activité de l’entreprise en 2025 (sans application de l’Acre).

    Le versement forfaitaire social libératoire des micro-entreprises

    La loi permet aux micro-entrepreneurs de bénéficier d’un dispositif de versement libératoire de leurs cotisations sociales. Ainsi, les cotisations sont calculées forfaitairement chaque mois ou chaque trimestre en appliquant un taux sur le chiffre d’affaires réalisé. Ce régime est d’application automatique. Ce taux est de : 12,3 % du chiffre d’affaires HT pour les entrepreneurs réalisant des ventes de marchandises et de denrées à emporter ou à consommer sur place, ou fournissant un logement ;– 21,2 % pour les prestations de services commerciales et artisanales (BIC) ;– 24,6 % pour les autres prestations de services (BNC) ;– 23,2 % pour les professions libérales réglementées relevant de la Cipav (BIC ou BNC).

    Il est à noter que ce statut permet également de bénéficier de mesures d’aide à la création et, notamment, de l’aide aux créateurs et repreneurs d’entreprise (Acre).

    1.4 – Le règlement des cotisations

    Pour régler ses cotisations, le chef d’entreprise a le choix entre un versement mensuel ou trimestriel, sous réserve du régime prévu pour les micro-entreprises exposé au paragraphe précédent.

    Le principe : le prélèvement mensuel

    Les cotisations provisionnelles appelées sont prélevées en douze versements de janvier à décembre, le cinq de chaque mois. Sur demande, l’assuré peut toutefois changer la date de prélèvement une fois par année civile pour la porter au 20 de chaque mois (ou revenir au 5)

    L’option : le règlement trimestriel

    Sur demande expresse, ou s’il n’a pas retourné l’autorisation de prélèvement mensuel, le travailleur non salarié règle ses cotisations provisionnelles en quatre fractions égales les 5 février, 5 mai, 5 août et 5 novembre de chaque année. Il est possible de changer à tout moment la périodicité de paiement, afin d’opter pour le paiement trimestriel ou mensuel.

    Les règles particulières en début d’activité

    Les travailleurs non-salariés débutant une nouvelle activité disposent d’un délai de 90 jours pour régler leurs premières cotisations. Ainsi, les cotisations dues au titre de l’année de début d’activité seront appelées en autant de mensualités (ou de trimestres si l’assuré a fait le choix du règlement trimestriel) qu’il y a de mois (trimestres) civils entre le 90e jour et le 31 décembre.

    1.5 – La régularisation des cotisations

    Les cotisations provisionnelles sont, pour les premières échéances de l’année en cours (N), calculées sur le revenu professionnel de l’avant-dernière année (N-2). Une fois le dernier revenu professionnel connu (N-1), l’assuré reçoit un nouvel échéancier comportant la régularisation des cotisations de l’année précédente (N-1), le recalcul des cotisations provisionnelles de l’année en cours (N) et le montant provisoire des premières échéances provisionnelles de l’année suivante (N+1).

    2 – SA, SAS ou SARL à gérance minoritaire

    2.1 – Application du régime des salariés cadres

    Dans les sociétés anonymes, les sociétés par actions simplifiées et les SARL à gérance minoritaire ou égalitaire, c’est-à-dire les SARL dont le ou l’ensemble des gérants détiennent au maximum 50 % du capital social, les dirigeants rémunérés relèvent du régime des salariés et sont obligatoirement assujettis au régime des cadres. Ils sont toutefois exclus du régime de l’assurance chômage.

    À ce titre, ils sont inscrits, comme l’ensemble des salariés, aux caisses de l’Urssaf.

    2.2 – Les cotisations dues

    Contrairement au régime des travailleurs non-salariés, les cotisations du régime des salariés sont versées au fur et à mesure du paiement des rémunérations. Il n’y a donc pas de décalage dans le temps entre le fait générateur des cotisations et leurs dates d’échéance. Chaque mois (chaque trimestre sur option pour les entreprises de moins de 11 salariés), la société doit verser aux organismes sociaux les cotisations qui se rapportent aux rémunérations attribuées sur la période écoulée. Elle est redevable de la part patronale comme de la part salariale, qu’elle retient directement sur le bulletin de paye et qu’elle collecte au profit de l’organisme pour le compte du dirigeant.

    Les cotisations sociales ainsi dues représentent une charge d’environ 28/35 % de la rémunération brute pour la part patronale et d’environ 21 % pour la part salariale.

    Le chef d’entreprise n’adhérant pas au régime d’assurance chômage de France travail, le taux global applicable au dirigeant de la société est légèrement inférieur à celui des autres salariés.

    Le tableau suivant présente les taux de cotisations généralement applicables :

    Principales cotisations sociales des dirigeants assimilés à des salariés
    Jusqu’à 1 PASS (1) Au-delà de 1 PASS (1)
    salariales patronales totales salariales patronales totales
    Maladie (2) 7 % 7 % (2) 13 % (3) 13 % (3)
    Allocations familiales 3,45 % 3,45 % 5,25 % (4) 5,25 % (4)
    CSG-CRDS (brut x 98,25 %) 9,70 % 9,70 % 9,70 % 9,70 %
    Vieillesse Régime de base 7,30 % 10,57 % 17,75 % 0,40 % 2,02 % 2,42 %
    Régime complémentaire 4,01 % 6,01 % 10,02 % 9,86 % 14,78 % 24,64 %
    Prévoyance Cadres 1,50 % 1,50 %
    TOTAL 21,01 % 28,53 % 49,42 % 19,96 % 35,05 % 55,01 %
    (1) Plafond annuel de la Sécurité sociale pour 2025 : 47 100 €.(2) 1,30 % en Alsace-Moselle.(3) Taux de 7 % pour les rémunérations annuelles inférieures ou égales à 2,25 Smic (valeur du Smic au 1er janvier 2025, soit 11,88 € de l’heure).(4) Taux de 3,45 % pour les rémunérations annuelles inférieures ou égales à 3,3 Smic (valeur du Smic au 1er janvier 2025, soit 11,88 € de l’heure).

    En pratique, comment se passe le prélèvement de la rémunération du dirigeant d’une société ?
    Si le dirigeant est assujetti au régime salarial, chaque mois, sa rémunération est établie par l’intermédiaire d’une fiche de paye, comme pour tout salarié de l’entreprise.S’il est gérant majoritaire, il entre donc dans la catégorie des travailleurs non-salariés ; sa rémunération est constituée d’un simple mouvement financier, sans formalisme particulier, chaque fin de mois.Dans tous les cas, la rémunération du dirigeant doit préalablement être autorisée par l’assemblée générale des associés, même si la personne concernée cumule les fonctions de dirigeant et d’associé (même unique). Cette assemblée doit impérativement fixer le montant attribué au dirigeant en début d’exercice, et sa décision doit être portée sur un procès-verbal reproduit sur le registre des décisions d’assemblées.

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    Le régime fiscal de l’entreprise et du chef d’entreprise

    Le créateur d’entreprise doit absolument maîtriser les grandes règles d’imposition du bénéfice et de TVA avant de se lancer.

    1 – L’imposition des bénéfices de l’entreprise

    1.1 – Principe de détermination du bénéfice

    Le bénéfice de l’entreprise est déterminé par la tenue de la comptabilité. Du résultat comptable, après quelques retraitements, découle en effet le résultat fiscal qui sert de base d’imposition.

    La comptabilité d’une entreprise commerciale, industrielle ou artisanale est tenue à partir d’une comptabilité d’engagements, c’est-à-dire en prenant en considération ses créances et ses dettes. Il n’est pas tenu compte des dates de règlement mais de la date de la réalisation effective de l’opération. Ainsi, par exemple, une vente est rattachée à l’exercice comptable au cours duquel la marchandise est livrée et non à celui pendant lequel le règlement de la facture est perçu. De même, si des prestations sont rendues avant la clôture d’un exercice, mais qu’elles n’ont pas encore donné lieu à facturation, elles doivent être tout de même prises en compte pour la détermination du résultat.

    En revanche, les entreprises individuelles entrant dans la catégorie des bénéfices non commerciaux (BNC) déterminent en principe leur bénéfice d’après une comptabilité de trésorerie ; en pratique, cela concerne essentiellement les professions libérales. Seules les opérations effectivement encaissées et décaissées sont alors retenues pour le calcul du résultat.

    Dans les deux cas, le résultat de l’entreprise est déterminé par différence entre le chiffre d’affaires et l’ensemble des charges de l’entreprise. Seuls les montants hors taxes sont pris en compte, la TVA étant neutre pour l’entreprise (sauf si celle-ci n’est pas assujettie à cet impôt).

    Parmi les charges figurent notamment :

  • Les achats revendus : les achats de marchandises destinées à la revente ou à être intégrées au processus de production sont pris en compte au fur et à mesure de leur revente. Ainsi, les marchandises acquises sur l’exercice mais conservées en stock ne viennent pas s’imputer sur le bénéfice ; cette augmentation du stock contribue à accroître le patrimoine de l’entreprise.

  • L’ensemble des frais généraux, et parmi ceux-ci les frais de personnel, qui diffèrent selon la structure juridique de l’entreprise : dans une entreprise individuelle, ils n’incluent pas la rémunération du chef d’entreprise mais uniquement ses charges sociales ; dans une société, la rémunération et les charges sociales du dirigeant sont comprises dans ce poste.

  • Les amortissements : ils correspondent à la dépréciation théorique du matériel dont l’entreprise est propriétaire et qu’elle utilise pendant plusieurs années. Ainsi, les investissements ne viennent pas s’imputer directement sur le résultat de l’entreprise, mais sont pris en compte par le biais de leur amortissement qui représente une charge tout au long de la vie du bien.


    Exemple : une voiture, dont la durée de vie est de quatre ans, ne sera pas comptabilisée en charge sur l’exercice de son acquisition mais amortie à hauteur de 25 % par an et déduite en principe pour ce montant chaque année du résultat de l’entreprise.

  • L’impôt sur les bénéfices : dans une entreprise dont le bénéfice est soumis à l’impôt sur le revenu (entreprise individuelle, certaines sociétés), l’impôt sur le bénéfice est exclu des charges déductibles de l’entreprise.

    Ce résultat est déterminé à la fin de chaque exercice comptable lors de l’établissement du bilan. Il fait l’objet d’une déclaration à l’administration par le biais d’imprimés spécifiques qui composent la « liasse fiscale ».

    L’exercice comptable : durée et date de clôture, des choix à faire
    Périodiquement, une entreprise doit arrêter ses comptes, établir son bilan. La période comprise entre deux arrêtés de comptes s’appelle un exercice comptable.L’exercice comptable a, en principe, une durée de douze mois. Toutefois, le premier exercice d’activité peut avoir une durée différente, plus ou moins longue, sans pouvoir excéder vingt-quatre mois.En pratique, il est préférable de fixer la date de clôture de son entreprise à une période de faible niveau d’activité si celle-ci fluctue selon les saisons. En effet, à ce moment de l’année, les stocks seront faibles et le niveau des créances cdivts peu élevé ; cela permet de présenter un bilan plus favorable.Pour fixer la date de clôture, il faut aussi connaître et prendre en compte certains paramètres fiscaux.Dans une société soumise à l’impôt sur les sociétés, l’impôt est dû par exercice comptable, quelle que soit la date de clôture. Le choix de cette date n’emporte donc pas de conséquence directe sur le montant de l’impôt dû.Dans une entreprise individuelle, ou dans une société soumise à l’impôt sur le revenu, la base imposable du contribuable est déterminée par année civile et elle correspond au montant du résultat de l’exercice clos au cours de l’année civile considérée. Toutefois, pour le premier exercice d’activité, si celui-ci est à cheval sur deux années civiles (cas d’une date de clôture différente du 31 décembre), le contribuable doit arrêter un résultat provisoire au 31 décembre de la première année, qui sert de base d’imposition pour ce millésime.Dans ce cas, la deuxième année, la base d’imposition est constituée du bénéfice de l’exercice diminué du bénéfice provisoire. En définitive, pour les années 1 et 2, les bases d’imposition correspondent à des périodes inférieures à douze mois. Ces bases servant également au calcul des cotisations sociales de l’exploitant, un exercice décalé permet donc souvent d’alléger les charges fiscales et sociales au début de l’activité.

    1.2 – L’imposition des bénéfices dans l’entreprise individuelle

    Lorsque l’entreprise est exploitée sous forme individuelle, le bénéfice de l’entreprise est imposé au niveau du foyer fiscal de l’exploitant.

    Ce résultat imposable correspond au résultat dégagé par l’entreprise, qu’il soit prélevé ou non par l’exploitant ; il est déterminé après déduction des cotisations sociales du chef d’entreprise mais pas de la rémunération qu’il s’alloue.

    Lorsque l’entreprise dégage un résultat déficitaire, celui-ci s’impute sur le revenu global du chef d’entreprise, c’est-à-dire sur les autres revenus de son foyer. Au cas où ceux-ci seraient insuffisants, le solde est reportable sur les revenus des années suivantes, sans limitation de durée. Cette imputation des déficits est propre aux entreprises individuelles ; dans le cadre d’une création, les premiers mois d’activité étant parfois difficiles et pouvant donc générer des pertes, l’imputation de celles-ci sur le revenu global constitue un avantage très appréciable. La loi permet toutefois au chef d’entreprise individuelle d’opter pour le régime d’imposition des bénéfices des sociétés s’il juge cela plus profitable.

    1.3 – L’imposition des bénéfices dans une société

    Lorsque l’activité est exercée à travers une société, le régime d’imposition est différent : la société est en principe assujettie à l’impôt sur les sociétés. Néanmoins, dans certains cas, le résultat est soumis à l’impôt sur le revenu comme celui d’une entreprise individuelle : il en est ainsi pour les EURL n’ayant pas opté à l’impôt sur les sociétés ou les SARL dites de famille ayant opté à l’impôt sur le revenu. De même, la loi permet, sous certaines conditions, aux SAS et SARL non cotées, créées depuis moins de cinq ans, d’opter pour le régime des sociétés de personnes.

    Hormis ces cas particuliers, du fait de la séparation patrimoniale découlant de la création de la société, une imposition est établie au nom de celle-ci, sur son propre résultat. Ne sont imposés au niveau du foyer fiscal de l’exploitant que les revenus qu’il a effectivement prélevés, la part de bénéfices restant dans la société n’étant pas taxée à son niveau. Pour cette raison, l’exercice sous forme de société est souvent avantageux en cas d’endettement. En effet, le bénéfice, servant en partie au remboursement de l’emprunt, ne peut pas être totalement prélevé par le dirigeant. Grâce à l’écran de la société, le dirigeant n’est pas imposé sur la quote-part de bénéfice qu’il ne prélève pas et qui reste investie dans sa société.

    Autre particularité, le résultat de la société est déterminé après déduction de la rémunération du dirigeant et des charges sociales qui s’y rapportent. Il est soumis à l’impôt sur les sociétés au taux suivant :

    – 15 % jusqu’à 42 500 € (taux réservé aux PME dont le CA HT < 10 M€ et sous réserve d’une condition de libération et de détention du capital pour les sociétés) ;

    – 25 % au-delà de 42 500 €.

    Et lorsque le résultat est déficitaire, il se reporte sur les résultats des exercices suivants et s’impute sur les bénéfices futurs sans limitation de durée.

    Au niveau du dirigeant, les rémunérations perçues sont imposées dans la catégorie des traitements et salaires et ouvrent droit à un abattement de 10 % pour frais professionnels (sauf option pour la déduction des frais réels).

    Le bénéfice de la société, une fois l’impôt sur les sociétés payé, peut soit être laissé investi dans l’entreprise (inscription en réserves), soit faire l’objet d’une distribution de dividendes totale ou partielle. Cette distribution est alors imposée entre les mains de l’associé qui la perçoit : elle est soumise à un prélèvement forfaitaire unique de 30 % incluant impôt sur le revenu (12,8 %) et prélèvements sociaux (17,2 %). Toutefois, si cela se révèle être plus favorable au contribuable, cette distribution peut rester soumise au barème progressif : la somme versée bénéficie alors d’un abattement à hauteur de 40 % de leur montant. La somme nette ainsi obtenue est soumise à l’impôt sur le revenu. Ces dividendes sont également soumis à la cotisation sociale généralisée (CSG) et autres prélèvements sociaux, au taux cumulé de 17,2 % appliqués sur le montant net perçu avant tout abattement. Dans les deux hypothèses, ces 17,2 % sont retenus à la source par la société qui distribue les dividendes.

    Dans les SARL et EURL assujetties à l’IS, les dividendes qui dépassent 10 % du capital et des comptes courants des associés sont assujettis aux cotisations sociales. Dans ce cas, ils échappent aux prélèvements sociaux de 17,2 %, quel que soit le régime fiscal choisi.

    Rémunération ou dividendes : quel est le bon choix ?
    Le dirigeant d’une société, dès lors qu’il possède la quasi-totalité du capital, a l’opportunité de choisir entre deux types de revenus :– soit une rémunération qui constitue une charge comptable de sa société ;– soit limiter le montant de sa rémunération pour que sa société réalise un bénéfice plus élevé et s’attribuer celui-ci sous forme de dividendes.C’est pourquoi un arbitrage mérite souvent d’être fait en mesurant toutes les conséquences de chacune des options possibles. Il faut notamment bien avoir à l’esprit que :• la rémunération est prélevée tout au long de l’exercice, alors que les dividendes ne peuvent être distribués qu’après la clôture des comptes, une fois les comptes approuvés par l’assemblée générale réunissant l’ensemble des associés ;• la rémunération est soumise aux cotisations sociales selon le régime dont dépend le dirigeant (salarié ou indépendant). Ces cotisations sont en principe prises en charge par la société. Les dividendes, eux, sont assujettis à la seule CSG et aux prélèvements sociaux associés. En contrepartie, bien évidemment, les dividendes n’ouvrent droit à aucune couverture sociale ; il est donc fortement déconseillé de recourir exclusivement à ce mode de rémunération, ne serait-ce que pour préparer sa retraite. Toutefois, dans les EURL et SARL assujetties à l’IS, comme vu précédemment, leurs dividendes sont, dès lors qu’ils dépassent 10 % du capital social et des comptes courants, soumis aux cotisations sociales. Ils ne sont alors plus soumis à la CSG réservée aux revenus patrimoniaux.• au plan fiscal, la rémunération bénéficie d’une déduction forfaitaire de 10 % alors que les dividendes sont taxés soit forfaitairement, soit avec une réfaction de 40 %.
    Exemple : M. Paul est gérant associé unique d’une EURL ayant opté à l’impôt sur les sociétés.Cette société dégage un bénéfice de 100 000 € avant rémunération du dirigeant. M. Paul souhaite s’attribuer la totalité de ce résultat à titre personnel.M. Paul est marié et a deux enfants. Ses revenus sont les seuls revenus du foyer.Comparons les différentes options possibles (le tableau qui suit expose et compare les conséquences des trois options possibles) :– soit il prélève 100 % de ce bénéfice sous forme de rémunération et de charges sociales, le solde de bénéfice est donc nul ;– soit il prélève ce bénéfice en partie sous forme de rémunération et de charges sociales, le solde sous forme de dividendes ;– soit il ne prélève aucune rémunération – la société dégageant un bénéfice important soumis à l’impôt sur les sociétés – et le net est distribué sous forme de dividendes.Par simplification, nous ferons ici abstraction des charges sociales sur dividendes qui, sous certaines conditions, peuvent être dues.

    Tableau comparatif : dividendes ou primes ?
    CHOIX RETENU
    100 % rémunération Panachage rémunération-dividendes 100 % dividendes
    AU NIVEAU DE L’EURL
    Résultat avant rémunération (en €) 100 000 100 000 100 000
    Rémunération nette -75 000 -35 000
    Charges sociales -25 000 -15 000
    Résultat avant impôt 50 000 100 000
    Impôt sur les sociétés -8 250 -20 750
    Résultat après impôt 41 750 79 250
    Dividendes 41 750 79 250
    AU NIVEAU DE M. PAUL
    Base imposable Rémunération nette 75 000 35 000
    Abattement 10 % -7 500 -3 500
    Base imposable rémunération 67 500 31 500
    Dividendes perçus 41 750 79 250
    Impôt dû sur rémunération (barème progressif) 6 000 0 0
    Prélèvement forfaitaire sur dividendes (1) 12 525 23 775
    Total net perçu Rémunération nette 75 000 35 000
    Dividendes 41 750 79 250
    Impôt dû -6 000 -12 525 -23 775
    Net disponible 
    (2)
    69 000 64 225 55 475
    (1) sous réserve que l’option à l’impôt au barème progressif après abattement de 40 % ne soit pas plus favorable.2) Avant incidence éventuelle des charges sociales sur dividendes.

    1.4 – Exemple d’imposition du bénéfice

    Exercice de l’activité sous la forme d’une entreprise individuelle

    Prenons l’exemple d’un couple marié ayant deux enfants : Madame est salariée, son salaire net est de 20 000 € par an. Sa base imposable est donc de 18 000 €, après l’application de l’abattement de 10 % réservé aux salariés.

    Monsieur exploite une entreprise individuelle, son bénéfice s’élève à 60 000 € par an. Il est adhérent d’un centre de gestion agréé.

    Parce que l’entreprise a besoin d’une partie de sa trésorerie pour rembourser ses emprunts bancaires, Monsieur ne prélève chaque année que 30 000 € sur le bénéfice de l’entreprise pour ses besoins personnels.

    Calcul du net disponible (en euros)
    Base imposable du foyer :
    Madame 18 000
    Monsieur 60 000
    Total imposable 78 000
    Soit un impôt de 9 100
    Net disponible du foyer :
    Madame 20 000
    Monsieur 30 000
    Impôt sur le revenu -9 100
    Net disponible 40 900

    Exercice de l’activité sous la forme d’une société soumise à l’impôt sur les sociétés, détenue par le foyer à 100 %

    La situation est alors la suivante en prenant la même hypothèse de bénéfice que ci-dessus (60 000 €) : une rémunération de gérant pour Monsieur est fixée à 20 000 € et un prélèvement en complément de revenus en fin d’exercice sous forme de dividendes est prévu. Le dirigeant veille à ne pas trop distribuer pour laisser dans la société les 30 000 € indispensables au remboursement de l’emprunt, comme dans le cas de l’entreprise individuelle. Par ailleurs, ses charges sociales diminuent de 13 000 € dans la mesure où la base de cotisations est réduite à la somme prélevée à titre de rémunération.

    • Au niveau de la société :

    Calcul du résultat net de la société (en euros)
    Bénéfice avant rémunération 60 000
    Rémunération -20 000
    Économie de charges sociales 13 000
    Bénéfice avant impôt 53 000
    Impôt sur les sociétés 9 000
    Résultat net 44 000
    Dont 14 000 € distribuables sous forme de dividendes, soit le résultat diminué du capital remboursé sur l’emprunt (30 000 €).

    • Au niveau du foyer du dirigeant :

    Calcul du net disponible pour le foyer
    Base imposable du foyer Madame 18 000
    Monsieur Rémunération nette 20 000
    Abattement 10 % -2 000
    Rémunération imposable 18 000
    Dividendes 14 000(1)
    Total rémunération imposable du foyer 36 000
    Impôt sur le revenu 0
    Prélèvement forfaitaire sur dividendes 
    (2)
    4 200
    Net disponible du foyer Madame 18 000
    Monsieur Rémunération 20 000
    Dividendes 14 000
    Impôt sur le revenu 0
    Prélèvement forfaitaire unique -4 200
    Net disponible (3) 47 800
    (1) 44 000 – 30 000(2) sous réserve que l’option à l’impôt au barème progressif après abattement de 40 % ne soit pas plus favorable.(3) hors éventuelle incidence des charges sociales sur dividendes dues sous certaines conditions.

    Ainsi, dans cet exemple, le choix de l’exercice de l’activité sous la forme d’une société assujettie à l’impôt sur les sociétés génère au niveau du foyer du créateur des revenus nets disponibles après impôt significativement plus importants puisqu’ils passent de 40 900 € en entreprise individuelle à 47 800 € en société, soit une différence de plus de 16 %. L’activité, quant à elle, dégage toujours les mêmes ressources financières permettant de rembourser son emprunt.

    Il ne faut toutefois pas tirer de cet exemple de conclusion de principe, chaque cas d’espèce ayant ses particularités. Cette analyse doit donc être systématiquement menée en fonction des données propres à chaque projet.

    1.5 – Le choix du régime fiscal

    Les petites entreprises relevant de l’impôt sur le revenu bénéficient de dispositions particulières qui leur permettent d’alléger les obligations fiscales auxquelles elles sont en principe soumises. Ces dispositions se rapportent au régime d’imposition, c’est-à-dire à l’ensemble des obligations déclaratives et des règles d’imposition qui trouvent à s’appliquer. Elles diffèrent en fonction de la taille de l’entreprise, taille estimée par référence au chiffre d’affaires réalisé. Étant précisé que les entreprises qui souhaitent relever d’un autre régime que le régime simplifié applicable normalement peuvent, sous certaines conditions, exercer des options en ce sens.

    Les limites d’application des régimes

    Trois régimes d’imposition cohabitent : le régime micro-entreprise, réservé aux très petites structures ; le régime simplifié, ouvert aux petites entreprises ; et le régime du réel normal, qui s’impose à toutes les autres. L’application de ces régimes dépend de seuils qui varient selon la nature de l’activité. On distingue en effet à ce titre :– les entreprises de vente de marchandises, de fournitures ou de denrées à consommer sur place ou de fourniture de logements ;– les entreprises réalisant des prestations de services.

    Le tableau ci-après synthétise le régime applicable selon la taille et l’activité de l’entreprise.

    Régime fiscal applicable selon le chiffre d’affaires
    Chiffre d’affaires HT (1) Régime applicable
    Droit commun Sur option
    Entreprises de négoce, vente sur place, fourniture de logements Inférieur à 85 000 €* Franchise de TVA Régime simplifié ou réel normal
    Inférieur à 188 700 € Micro-BIC (2)
    De 188 700 à 840 000 € Régime simplifié (RSI) Régime réel normal
    Au-delà de 840 000 € Régime réel normal
    Prestataires de services Inférieur à 37 500 €* Fanchise de TVA Régime simplifié ou réel normal
    Inférieur à 77 700 € Micro-BIC/BNC (3)
    De 77 700 à 254 000 € Régime simplifié (RSI) Régime réel normal
    Au-delà de 254 000 € Régime réel normal
    (1) Les seuils de chiffre d’affaires s’apprécient hors taxes et par référence à l’année précédente, ramenée sur 12 mois si la durée effective d’exploitation est supérieure ou inférieure.(2) BIC : bénéfices industriels et commerciaux.(3) BNC : bénéfices non commerciaux.* La loi de finances pour 2025 a modifié ces seuils en les ramenant à 25 000 €. Toutefois, face aux inquiétudes des professionnels, le gouvernement a suspendu l’application de cette mesure jusqu’au 1er juin 2025. À suivre…

    L’option pour un régime autre que celui applicable normalement doit être exercée dès le début de l’activité en matière de taxe sur la valeur ajoutée, celle pour le régime d’imposition des bénéfices jusqu’au dépôt de la première déclaration de résultat. En pratique, cette dernière option est toutefois généralement exercée lors des formalités d’inscription de l’entreprise.

    Ces options sont exercées, selon les cas, pour une durée de deux ans ou d’un an, reconductibles tacitement. Si aucun formalisme n’est prévu par la loi, il est néanmoins prudent d’expédier une lettre recommandée afin d’en conserver un justificatif.

    Les conséquences du régime d’imposition

    Le régime micro-BIC/BNC

    Dans ce régime réservé aux très petites entreprises, les charges sont évaluées forfaitairement par rapport au chiffre d’affaires réalisé, ce qui n’est pas la règle dans les deux autres régimes. Cela permet, entre autres, un allègement très significatif du formalisme déclaratif. Les abattements forfaitaires sont les suivants en fonction du type d’activité développée :

    Pour le régime micro-Bic : activités de ventes à emporter ou à consommer sur place et de fourniture de logements : 71 % ; prestations de services autres que fourniture de logements : 50 %.

    Pour le régime micro-BNC : 34 %.

    Ce régime – qui présente donc l’avantage de simplifier grandement les obligations du chef d’entreprise – emporte toutefois certains inconvénients. Il doit donc être adopté après mûre réflexion.

    En effet, le taux forfaitaire de charges peut parfois être inférieur à ce qui ressort de la réalité économique du poids des charges d’exploitation.

    Par ailleurs, le régime micro exclut l’exploitant du bénéfice des mesures d’allègement réservées sous certaines conditions aux entreprises nouvelles.

    D’autre part, il exclut la possibilité d’imputer des déficits sur les autres revenus du foyer de l’exploitant.

    Enfin, ce régime présente l’inconvénient de ne pas obliger à la tenue d’une véritable comptabilité ; il n’incite donc pas le dirigeant à mettre en place de réels outils de gestion, ce qui est dangereux.

    En définitive, ce régime est à réserver aux très petites entreprises, dans des cas bien particuliers.

    Régime du micro-entrepreneur (anciennement auto-entrepreneur) : le versement forfaitaire fiscal libératoire des micro-entreprises

    La loi a institué un dispositif de versement forfaitaire fiscal en faveur des petits entrepreneurs individuels placés sous le régime de la micro-entreprise. Ces contribuables peuvent opter pour le versement forfaitaire de leur impôt sur le revenu (à condition que le revenu fiscal de référence de leur foyer fiscal ne dépasse pas un seuil déterminé par part de quotient familial). Le taux de prélèvement mensuel ou trimestriel varie selon la nature de l’activité :– 1 % pour les entreprises ayant une activité de vente de négoce, vente sur place, fourniture de logements ;– 1,7 % pour les prestataires de services ;– 2,2 % pour les titulaires de bénéfices non commerciaux.

    Le créateur d’entreprise qui souhaite exercer cette option doit le notifier au plus tard le dernier jour du 3e mois suivant la date de création.

    Dès son début d’application, ce dispositif a connu un véritable succès, succès confirmé depuis. Il faut toutefois rester très vigilant à l’égard de ce régime qui nie la réalité économique de l’entreprise par un mécanisme de taxation forfaitaire et une quasi-dispense de terme de comptabilité. Ce statut ne doit être réservé qu’à des très petites structures, sans besoin de gestion. Dans les autres cas, bien souvent, comme le régime du micro BIC/BNC, il faut lui préférer l’un des régimes décrits ci-après.

    Le régime simplifié et le régime réel normal d’imposition

    Dans ces deux régimes, il est tenu compte des produits et des charges réellement dégagés et engagés par l’entreprise. Principale différence entre ces deux régimes : l’application du régime simplifié permet de bénéficier de mesures d’allègement au regard des obligations déclaratives de fin d’année.

    La facture électronique
    Toutes les entreprises établies en France et assujetties à la TVA, qu’elles en soient redevables ou non (y compris donc celles relevant de la franchise en base), seront bientôt tenues de recourir à la facturation électronique pour les opérations qu’elles réaliseront avec d’autres entreprises assujetties ainsi qu’à un reporting électronique pour les opérations effectuées avec des personnes non assujetties (particuliers notamment…) et/ou des assujettis étrangers. Un calendrier de mise en oeuvre progressif est prévu, à compter du 1er septembre 2026 et jusqu’au 1er septembre 2027, selon la taille des entreprises.

    2 – L’assujettissement à la TVA

    2.1 – Le mécanisme de la TVA

    La taxe sur la valeur ajoutée est un impôt qui ne touche que le consommateur final et qui est d’un niveau identique quels que soient le processus de production et la chaîne de commercialisation du produit ou du service considéré.

    Dès lors qu’elle exerce une activité assujettie à TVA, l’entreprise doit soumettre à cette taxe l’ensemble de ses ventes. À ce titre, elle collecte pour le compte du Trésor public un impôt auprès de ses cdivts, qu’elle reverse chaque mois, ou chaque trimestre, à l’administration. En contrepartie, l’entreprise a le droit de récupérer la TVA appliquée à ses achats par ses fournisseurs. Ce reversement et cette déduction de la TVA se font au moyen d’un imprimé déclaratif spécialement prévu à cet effet : l’imprimé CA 3. Ainsi, l’entreprise reverse au Trésor public une TVA nette correspondant à une taxe frappant la valeur ajoutée réellement produite par l’entreprise sur la période.

    La TVA est donc un impôt neutre pour l’entreprise, sauf si celle-ci exerce une activité non assujettie : dans ce cas, elle paie de la TVA à ses fournisseurs mais ne peut pas la récupérer. Cependant, seules quelques activités sont exclues du champ d’application de la TVA, principalement les activités médicales et de location de locaux nus d’habitation.

    La date d’exigibilité et de déduction de la TVA, et donc de reversement au Trésor public, dépend de la nature de l’opération à laquelle elle se rapporte. S’il s’agit d’une livraison de bien, la TVA est à reverser (ou à déduire pour un achat) à la fin du mois au cours duquel le bien a été livré, même si le règlement n’est pas intervenu. Tant qu’elle n’est pas payée par ses cdivts, l’entreprise doit donc faire l’avance au Trésor public de la TVA sur ses ventes. Cela entraîne un accroissement de son besoin en fonds de roulement. A noter que depuis le 1er janvier 2023, la TVA relative aux acomptes sur les livraisons de biens est exigible dès l’encaissement de ces acomptes, à hauteur du montant encaissé.

    Dans le cadre d’une prestation de services, la règle est différente : la TVA est exigible ou à déduire seulement au jour du règlement de la prestation. L’entreprise n’a donc pas à avancer la taxe au Trésor public.


    Exemple : en février, une entreprise réalise des ventes de matériel à hauteur de 20 000 €, et acquiert le même mois pour 12 000 € de marchandises. Ces opérations sont soumises à une TVA de 20 %. Elles ne seront réglées qu’au cours des mois suivants du fait des délais de règlement accordés aux cdivts ou par les fournisseurs. L’entreprise devra déclarer au titre du mois de février les éléments suivants.

    TVA collectée : 20 000 x 20 % = 4 000 €
    TVA déductible : 12 000 x 20 % = 2 400 €
    ___________________________________________________________________________
    TVA à verser au Trésor public = 1 600 €

    Il n’est donc pas tenu compte des délais de règlement et l’entreprise doit verser une somme de 1 600 € qu’elle n’a pas encore encaissée.

    Si l’entreprise réalisait des prestations de services, elle attendrait le règlement de ces opérations pour déclarer la TVA correspondante.

    2.2 – Le choix du régime d’imposition

    Comme en matière d’imposition des bénéfices, il existe trois régimes d’imposition à la TVA :

    – la franchise en base ;

    – le réel simplifié ;

    – le réel normal.

    Selon celui qui est applicable, les obligations de l’entreprise seront différentes.

    La franchise en base

    Réservé aux très petites entreprises, ce régime dispense les assujettis à la TVA de toute déclaration et de tout paiement relatifs à cet impôt. En contrepartie, les personnes qui bénéficient de ce régime ne peuvent pas déduire la TVA qui grève leurs frais généraux et leurs investissements et elles doivent porter sur leurs factures la mention « TVA non applicable, article 293 B du CGI ».

    Ce régime s’applique de droit dès lors que l’entreprise réalise un chiffre d’affaires inférieur au seuil d’application (85 000 €(1) pour les activités de vente, 37 500 €(1) pour les prestations de services). Toutefois, une option pour le régime du réel simplifié est possible. Dans le cadre d’une création d’entreprise, si le créateur souhaite être assujetti à la TVA, il doit formuler cette option dès les premiers jours d’activité. En principe, il est préférable d’exercer cette option lorsque l’entreprise vise une cdivtèle de professionnels eux-mêmes assujettis à la TVA, récupérant donc cette taxe, ou lorsque l’entreprise a de gros besoins en investissements dont le montant de la TVA pourra ainsi être récupéré.

    Lorsque le régime de la franchise s’applique, celui-ci n’est pas remis en cause pour l’année suivante si l’entreprise franchit au cours d’une année les seuils de chiffre d’affaires à condition de ne pas dépasser les seuils de tolérance (93 500 €(2) de CA pour les activités de vente ou 41 250 €(2) pour les prestations de services). En revanche, si les seuils de la franchise sont encore dépassés la deuxième année, l’entrepreneur perd le bénéfice de la franchise dès le 1er janvier de l’année qui suit. Dans ce cas, l’entreprise devient redevable de la TVA selon le régime simplifié ou le régime du réel normal. Et lorsque l’entreprise réalise des livraisons de biens, des ventes à consommer sur place ou des prestations d’hébergement, et que son chiffre d’affaires vient à dépasser au cours de l’année 93 500 €(2) (41 250 €(2) pour les prestations de services), la franchise cesse de s’appliquer dès le premier jour du mois au cours duquel ce chiffre d’affaires limite est dépassé.


    (1) La loi de finances pour 2025 a modifié ces seuils en les ramenant à 25 000 €. Toutefois, face aux inquiétudes des professionnels, le gouvernement a suspendu l’application de cette mesure jusqu’au 1er juin 2025.


    (2) La loi de finances pour 2025 a modifié ces seuils en les ramenant à 27 500 €. Toutefois, face aux inquiétudes des professionnels, le gouvernement a suspendu l’application de cette mesure jusqu’au 1er juin 2025. À suivre…

    Le régime simplifié d’imposition

    Comme en matière d’imposition des bénéfices, le régime simplifié de TVA se caractérise essentiellement par un allègement des obligations déclaratives.

    En cours d’année, l’entreprise est seulement tenue au versement d’acomptes semestriels, qui font ensuite l’objet d’une régularisation en fin d’année sur un imprimé spécifique (CA 12/CA 12 E). Le montant des acomptes est déterminé par référence à la taxe de l’année précédente. L’entreprise peut toutefois décider de les moduler sous certaines conditions.

    Il faut noter que si la TVA due au titre de l’année est inférieure à 1 000 €, les redevables sont dispensés de verser des acomptes. Et que les nouvelles entreprises doivent elles-mêmes déterminer le montant de leurs premiers acomptes, ceux-ci devant correspondre au moins à 80 % de la TVA finalement due au titre de chaque semestre.

    En fin d’année, les redevables placés sous le régime simplifié doivent donc déposer une déclaration qui détermine la taxe due au titre de la période, après imputation des acomptes déjà versés. Cette déclaration doit être déposée dans les trois mois qui suivent la clôture de l’exercice, exceptionnellement le 2e jour ouvré suivant le 1er mai pour les entreprises qui arrêtent leurs comptes au 31 décembre.

    Si la TVA annuelle due est supérieure à 15 000 €, l’entreprise passe sous le régime du réel normal l’année suivante.

    Si l’entreprise est créditrice, c’est-à-dire si la TVA déductible est supérieure à la TVA collectée, elle peut demander le remboursement de son crédit au Trésor public. Cette situation est fréquente en début d’activité compte tenu de l’importance de la taxe à récupérer sur les investissements et les stocks initiaux. À ce titre, elle avance de la trésorerie qu’elle se fera rembourser par le Trésor public, remboursement qui se demande lors du dépôt de la déclaration annuelle.

    Le régime simplifié de TVA sera supprimé à compter du 1er janvier 2027. Les entreprises relèveront du régime normal, selon un système déclaratif mensuel ou trimestriel.

    Le régime du réel normal

    Les redevables relevant du régime du réel normal doivent chaque mois ou chaque trimestre déposer une déclaration indiquant les opérations réalisées le mois ou le trimestre précédent tant au regard de la TVA collectée que de la TVA déductible. Et cette déclaration doit être accompagnée du paiement de la taxe due.

    Si la taxe annuelle due est inférieure à 4 000 €, les entreprises sont en effet autorisées à déposer des déclarations trimestrielles.

    L’application du régime du réel normal présente l’avantage pour l’entreprise de déclarer ainsi chaque mois ou chaque trimestre, la réalité de l’ensemble de ses opérations. Et en principe, aucune régularisation n’est due en fin d’exercice. Si la comptabilité est régulièrement tenue, le redevable est en permanence à jour de ses obligations et ne risque pas d’avoir de mauvaise surprise à la fin de l’année.

    Comme en matière simplifiée, si l’entreprise est créditrice, elle peut demander le remboursement de son crédit au Trésor public. Cette demande peut s’effectuer chaque mois ou chaque trimestre.

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